Var-Matin (Grand Toulon)

Kalash Criminel cagoulé

Le rappeur vient de sortir Sélection naturelle où les titres avec Damso, Nekfeu et Jul confirment son style très particulie­r. Très brut.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

C’est ce qu’on appelle une dégaine. Atypique. Singulière. Kalash Criminel – de son vrai nom Amira Kiziamina – porte une cagoule. C’est sa marque de fabrique. Et rien à avoir avec le fait d’être atteint d’albinisme. La cagoule, c’est pour ne pas se faire griller par ses parents quand il commence à tourner dans des clips de rap au collège. Cagoulé, le jeune Amira s’invente un personnage : Kalash Criminel. Le mythe part de là. À 25 ans, le rappeur originaire de la République démocratiq­ue du Congo, et basé à Sevran en Seine-Saint-Denis, vient de sortir son deuxième album – Sélection naturelle – seulement deux après La fosse aux lions .Un opus dense de 17 titres dont les premiers titres ont martelé les ondes et les plateforme­s de streaming à commencer par ses featurings avec Damso (But en or )et Nekfeu (Turn up).

Du duo au solo

D’ailleurs, la collaborat­ion de Kalash Criminel avec le rappeur natif de la Trinité pourrait en ouvrir d’autres. Le titre, qui s’appuie sur des rythmes très énervés, s’est fait en une nuit. « Je lui ai dit : “Ouais, viens au studio” et il arrive tout seul à 18 heures avec sa clé USB, et il repart à 4 heures du matin », rembobine Kalash Criminel pour Rapelite. Avant d’être capable d’assurer artistique­ment un album solo, Kalash Criminel était un artiste de duo. En 2016, c’est sa collaborat­ion avec Kaaris (Arrêt du coeur) qui le lance dans le grand bain. Par la suite, il poursuit les duos aussi nerveux qu’intenses, que ce soit avec Fianso (93 Empire et Whoah ) ou Jul ( Cagoulé). Des collaborat­ions qui peuvent surprendre car Kalash a un style bien à lui. C’est de la rage. Parfois de la violence, que ce soit dans les textes mais aussi vocalement. Il faut dire que le garçon a traversé des épreuves marquantes. Avec sa famille, ils ont quitté la République démocratiq­ue du Congo quand il avait quatre ans et sa couleur de peau n’était pas simple à assumer en Afrique.

Elle ne le sera pas plus en France où les moqueries vont l’accompagne­r dès son plus jeune âge. « Il faut que tu te battes, c’est la vie, c’est comme ça », lâche-t-il à Melty en 2018. « S’il y avait des moqueries, je frappais direct », embraye-t-il. Élevé par une femme forte, le garçon est ébranlé par la mort de son frère en 2013. Cela accentue son côté sombre. Mais aussi son envie de percer dans le milieu du rap malgré sa maladie de peau. Face aux moqueries des uns sur les réseaux sociaux, il trouve la parade qui tient en une punchline : « Je suis albinos parce que je suis né pour briller ». Ce deuxième album, qui compte aussi des duos avec Niska (Tu paniques) et Bigflo et Oli (Moments) confirment que la rage est communicat­ive.

‘‘ Je suis albinos parce que je suis né pour briller ”

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Sélection naturelle (Sale Sonorité Records)

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