La police veut sortir de la crise
Gérald Darmanin a pointé des « problèmes structurels » dans la police, éclaboussée par les affaires de violences policières. Le ministre a esquissé des propositions. Les syndicats l’attendent au tournant
En quelques jours, le ministre de l’Intérieur a changé de ton devant les parlementaires. Après avoir défendu bec et ongles la loi de « sécurité globale » et son article 24 controversé (lire par ailleurs), Gérald Darmanin, confronté aux polémiques sur des violences policières, a reconnu « des problèmes structurels » dans la police, et a dressé des pistes d’amélioration.
Les constats
Les policiers sont soutenus par une majorité de Français. Selon une enquête d’opinion réalisée en juin 2020 par l’institut Elabe pour BFMTV, 69 % des sondés font confiance à la police. Un résultat en baisse de 7 points par rapport à la même étude effectuée un an auparavant. Autre bémol : le même sondage montre que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans la gendarmerie. Du point de vue du « premier flic de France », il n’y aurait donc pas de divorce entre « la police et sa population ». Pour autant, après la diffusion d’images de violences policières ces derniers jours, Gérarld Darmanin, se refusant à généraliser le fait « d’individualités », a tout de même convenu que l’institution était confrontée à des failles structurelles. C’est ce que le locataire de la place Beauvau a appelé devant les députés de la commission des Lois « les sept péchés capitaux » qui pèseraient sur la police : défaut de formation, manque de moyens matériels et humains, problèmes d’encadrement, questions autour du contrôle et des sanctions…
Les enjeux
Même si le ministre considère que le lien entre la population et la police n’est pas rompu, l’enjeu principal se situe bien là : après l’agression de Michel Zecler par des policiers à Paris – révélée par les images de la vidéosurveillance installée dans les locaux de la victime –, le président de la République a réclamé au gouvernement des propositions pour « réaffirmer le lien de confiance » avec la police. L’enjeu subsidiaire, pour le ministre de l’Intérieur : comment ne pas froisser ses troupes, dont le moral est en berne (lire page cicontre).
Les propositions
En attendant de nouvelles propositions, Gérald Darmanin a d’ores et déjà annoncé la généralisation des caméras-piétons dans la police pour l’été prochain (lire par ailleurs). Le ministre de l’Intérieur s’est également déclaré en faveur d’un effort sur la formation des policiers et a proposé de porter les effectifs de la réserve de la police nationale à hauteur de 30 000 réservistes (retraités et citoyens), contre un peu plus de 6 000 actuellement. De quoi faire jeu égal avec la gendarmerie.