Var-Matin (Grand Toulon)

Le blues de Sonia, vingt-trois ans de métier

- CH. P.

« Quand je voyais une victime dévastée sortir avec le sourire après avoir pris sa plainte, ça suffisait à mon bonheur. » Sonia, vingt-trois ans de police – d’abord à Paris puis dans le sud de la France –, avoue ne plus croire en son métier. Désabusée, déçue, amère. « La police c’était vraiment ma vocation. » Au fil des années, les contrainte­s procédural­es et un management incompréhe­nsible expliquent, selon elle, son état d’esprit actuel.

« Des brebis galeuses »

« Un collègue qui ne fait rien n’est jamais embêté, tellement sa hiérarchie a peur qu’il se mette en maladie. En fait, plus tu travailles, plus tu as de chances d’avoir des problèmes. »

« Et puis il y a quelques brebis galeuses, des collègues qu’on laisse dans des cités alors que tout le monde sait qu’ils se comportent mal. Du coup, j’ai choisi de faire un pas de côté et de ne plus faire de la police de terrain. »

Sonia avoue que si elle en avait le courage, elle démissionn­erait. « Mais j’ai un crédit à rembourser », ajoute-t-elle dans un sourire crispé. Dans cette sale ambiance, entretenue selon elle par certains médias, elle pense que les caméras-piétons pour chaque policier sont « une excellente mesure » (lire aussi en page suivante). « À condition que les batteries tiennent plus de vingt minutes », ironise-t-elle. « Je pense que comme la mixité, cela contribuer­a à faire baisser la violence, qu’elle provienne des policiers ou des citoyens. »

Autre critique formulée : le niveau des jeunes recrutés, « parfois avec une moyenne de 6 sur 20» . Aujourd’hui, les concours de la police attireraie­nt trop de personnes qui s’y inscrivent par défaut, sans réelle motivation. Alors que la meilleure des formations, « c’est l’expérience », poursuit Sébastien Soulé, du syndicat Alliance dans le Var.

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