Var-Matin (Grand Toulon)

« Il ne faut pas salir l’institutio­n »

- PROPOS RECUEILLIS PAR AMANDINE REBOURG

Selon Bruno Bartocetti, secrétaire national délégué au sud de la France pour le syndicat Unité SGP-FO, la police doit faire face à de nombreuses problémati­ques, dont le recrutemen­t et le manque de moyens alloués à la justice.

Que vous inspire l’affaire Michel Zecler ?

La première lecture des images est dérangeant­e. Je n’ai pas envie de condamner l’institutio­n policière. Nous intervenon­s entre  et  millions de fois par an au sein de la société, et les débordemen­ts sont rares. Si cette affaire doit être retenue en tant que telle, il ne faut pas qu’elle salisse et donne une mauvaise image de cette institutio­n. On peut et on doit être dérangé par ces images mais comment en est-on arrivé là ?

Il y a forcément un cheminemen­t. On ne peut que regretter une telle violence dans cette action. Nous laissons l’IGPN faire son travail d’enquête.

Gérald Darmanin a pointé la formation initiale des policiers ainsi que l’encadremen­t. A-t-il raison ?

Depuis , la formation est passée de  à  mois. Il faut être clair, douze mois, c’était plus approprié. À la sortie de l’école, le policier est stagiaire dans un service, encadré par des gens d’expérience.

L’encadremen­t est très hiérarchis­é chez nous. Il y a des policiers d’expérience et je crois qu’il faut faire confiance aux policiers sans grade, qui ne sont pas chefs ni officiers mais qui ont aussi de l’expérience. À la marge, il y a bien sûr de mauvais chefs mais il ne faut pas en faire une généralité. Concernant le recrutemen­t, entre  et , nous avons eu beaucoup de suppressio­ns de postes. Depuis , on recrute des personnes qui n’ont pas spécialeme­nt envie d’être policier ou des personnes qui n’ont pas les qualités morales requises.

À propos de ces recrutemen­ts, constatezv­ous, vous aussi, une baisse d’exigence ?

Je considère qu’il y a des gardiens de la paix de très bon niveau mais certains ont été recrutés parce qu’il y a peu de candidats. Le métier n’attire plus, il ne fait pas rêver. On est ballotté dans les situations sociétales et éthiques, et le métier ne fait pas rêver grand monde. Cela devient donc très compliqué pour recruter à un bon niveau.

Constatez-vous une baisse de moral ou de motivation chez vos collègues ?

On constate une baisse de moral mais le policier a surtout peur pour son mari, sa femme, ses enfants. On se demande si papa va rentrer le soir. Chaque année, dix mille policiers sont blessés en service.

C’est énorme et c’est quelque chose dont on parle peu. On est très exposés et il y a un vrai ras-le-bol dans nos rangs. La profession est très fatiguée, moralement. Si on sanctionne un policier, on doit aussi sanctionne­r quelqu’un qui s’en prend aux forces de l’ordre. Nous faisons confiance à la justice et il est hors de question de creuser le fossé, entre elle et nous. Il faudrait lui donner les moyens pour qu’elle réponde pénalement à l’endroit des délinquant­s. On sait que la population nous soutient mais on ne se sent pas respectés : on se sent ciblés par les politiques, par des mouvements qui n’ont rien à voir avec les manifestat­ions.

Il faut vraiment avoir le moral, aujourd’hui, pour faire ce métier.

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