Généralisation des caméras-piétons :
« La preuve par l’image »
« Ceux qui l’ont testée l’ont adoptée. » Le commissaire Patrice Buil, à la tête de la circonscription de Toulon, ne voit que des avantages dans la généralisation des caméras-piétons dans les rangs de la police. « Nous sommes en 2020, dans une société de l’image, il est temps que l’on prenne le train en marche. »
Dans le chef-lieu du Var, les premières caméras-piétons sont arrivées en 2016 à titre expérimental. « Ces modèles n’étaient pas très satisfaisants, l’autonomie était très faible : une à deux heures alors que les policiers font des vacations jusqu’à douze heures… Mais ça avait le mérite d’exister », explique l’officier, qui espère bénéficier de matériels plus performants lors des dotations annoncées par l’exécutif. « Il y a eu des retours d’expérience, ce sera certainement pris en compte dans les prochains appels d’offres .»
« Ça peut faire retomber les tensions »
Ces dispositifs doivent permettre aux fonctionnaires de déclencher des enregistrements dans certaines situations (laissées à l’appréciation du policier). « Ça peut faire retomber les tensions, il y a un véritable effet dissuasif », estime Patrice Buil. « C’est à double sens, ça permet de prévenir les atteintes contre les personnes dépositaires de l’autorité publique (outrages, etc.) et, du côté des fonctionnaires, les manquements à la déontologie. Il s’agissait déjà de rapprocher la police de la population .»
La guerre des images
« Le second effet, c’est celui de la preuve par l’image. Aujourd’hui, on ne condamne plus sur la foi d’une simple parole. En termes de preuves, les vidéos c’est béton pour un magistrat. » Le commissaire en veut pour exemple les policiers et gendarmes des forces mobiles dédiés à la prise de vue dans certaines manifestations. « Ils prennent des images pour servir la justice. Ça permet de prendre du recul et d’avoir une vision des événements [qui diffère de certaines vidéos tronquées qui circulent sur les réseaux sociaux]. »
Et d’ajouter : « Nos caméras ont l’avantage d’enregistrer les 30 secondes qui précèdent leur déclenchement et nous n’avons pas de table de montage… »
Pour autant, le système n’est pas toujours utilisé. « Il est très contraignant, le policier doit renter son RIO (le numéro à sept chiffres d’identification de chaque gendarme et policier, Ndlr) avant chaque utilisation, ce n’est pas toujours adapté à certaines situations. La procédure d’exportation est très lourde aussi .»
Des « go pro » perso
Les policiers qui effectuent ces enregistrements n’ont pas la possibilité d’accéder directement à « leurs » images. Elles sont téléchargées selon un protocole technique strict par des agents habilités, détaille le commissaire Buil. « Ce n’est pas l’idéal mais il n’en demeure pas moins que ceux qui utilisent les caméras piétons se sont approprié l’outil. Ça les sécurise .»
Ainsi, les policiers en uniformes des brigades spécialisés de terrain (BST), rompus aux interventions dans les cités sensibles, seraient plus enclins à s’équiper de caméras piétons – une par équipage – que leurs collègues des brigades anticriminalité qui opèrent en tenue civile. Parallèlement, il y a aussi des policiers qui s’équipent de leurs propres caméras – de type go pro à déclenchement instantané. « Je ne soutiens pas cette démarche, je préfère l’utilisation de matériel officiel, mais dans le droit français, la preuve est libre… »