Une « femme battue » vole au secours de son conjoint
Une victime de violences conjugales est revenue sur ses accusations, lors du procès de son conjoint, jugé en comparution immédiate à Toulon
S «i vous ne payez pas, vous allez en prison. » Le trentenaire qui a comparu pour des violences conjugales l’a échappé belle. Le tribunal correctionnel n’a pas suivi les réquisitions de la procureure (5 mois de prison) et lui a infligé 150 jours-amendes de 10 euros. Soit 1 500 euros à régler à l’expiration du délai fixé par les juges.
Et c’est sans aucun doute à la victime que le prévenu doit cette relative mansuétude. « J’ai un petit peu exagéré », a déclaré, à la barre du tribunal, la compagne du trentenaire qui comparaissait par visioconférence depuis la prison de La Farlède. Et de démentir la pluie « de coups et de taquets » qu’elle avait décrite lors de son dépôt de plainte. Changement de version : « Il m’a mal parlé, je lui ai donné un coup dans le genou et il m’a mis deux grosses gifles. Les coups de poing, c’est pas vrai. J’ai exagéré parce que j’étais en colère.. .»
Cinq jours d’ITT
Pourtant, quand les policiers sont intervenus dans la nuit de vendredi à ce samedi dans cet immeuble du centre-ville de Toulon, la jeune femme s’était réfugiée chez une voisine. Son compagnon n’avait pas supporté qu’elle rentre à deux heures du matin après une soirée chez une amie.
Un médecin légiste a constaté des ecchymoses violacées sur un bras, des contusions sous un oeil et des éraflures sur le visage. Son préjudice a été évalué à cinq jours d’incapacité temporaire de travail (ITT). L’homme a reconnu avoir bu quelques verres de vodka.
« Ma main est partie toute seule »
« Je ne lui ai jamais interdit de sortir mais j’étais inquiet, ça faisait deux heures qu’elle ne répondait pas au téléphone, j’ai même téléphoné aux hôpitaux », a-t-il expliqué. Dans sa première déposition, sa compagne l’avait dépeint comme « très jaloux ». Interrogé à ce sujet, il a répondu : « C’est normal qu’un homme soit jaloux pour sa femme (...) Ma femme, je l’aime tellement que je ne pourrai jamais lui faire de mal .»
Mais alors les gifles ? « Elle m’a mis un coup et ma main est partie toute seule, j’aurais préféré que mon bras soit coupé avant que ma main arrive sur son visage .»–« Je m’en veux énormément », a renchéri la victime en maintenant qu’elle avait menti. Le prévenu avait été placé en détention provisoire.
« Des faits de violences ont quand même eu lieu, ce n’est pas normal que votre compagnon vous assène des gifles, c’est inacceptable », a rétorqué la procureure. Le prévenu a pu regagner son foyer dans la soirée.