Le voleur « enfume » le tribunal et ne se présente pas à son procès
Le doute doit profiter à l’accusé. Cette maxime, Yassine Pruvost l’a fait sienne. À l’extrême. Ce Francilien d’à peine 18 ans, au casier judiciaire déjà porteur de 13 mentions, a tenu tête avec un certain culot au tribunal correctionnel de Draguignan.
Fatal complément d’information
Interpellé à Saint-Raphaël avec Smaïn B. le 26 octobre dans une affaire de vols de véhicules, il devait être jugé dans la foulée avec son complice en comparution immédiate. Sauf que Yassine Pruvost a refusé dès le début de se soumettre aux relevés d’empreintes digitales et de prélèvement biologique (ADN), donnant un faux nom aux policiers. Policiers qu’il allait copieusement insulter et agresser lors de sa (courte) détention, allant jusqu’à provoquer, entre autres, une ITT de 8 jours à un fonctionnaire des forces de l’ordre. Afin de faire la lumière sur sa véritable identité, le tribunal décidait de prononcer un complément d’information.
Arrêté au guidon d’un scooter déclaré volé - et après avoir blessé un policier municipal en lui jetant son casque au visage - Smaïn B. restait en détention provisoire.
Yassine Pruvost, interpellé au domicile de sa compagne sur indication de Smaïn, était placé sous contrôle judiciaire. Libre, il en profitait pour prendre la tangente avec sa petite amie. Et ne s’est pas présenté lundi à la barre du tribunal correctionnel de Draguignan. Le parquet s’est aperçu trop tard que le prévenu faisait l’objet d’un mandat d’arrêt décerné par un juge de Créteil dans une affaire d’extorsion... « Yassine Pruvost a pour le moins abusé de la confiance de cette juridiction », note dépité le ministère public. « Il nous a enfumés », peste le président Jean-Louis Galopin. C’est donc seul que Smaïn B. a répondu de trois vols de véhicules - un scooter, une Renault Twingo et une Mercedes GLC - commis entre le 20 et le 23 octobre entre Saint-Raphaël et SaintAygulf. À chaque fois, le mode opératoire était le même. Le véhicule était volé avec les clés et les papiers au sein des propriétés. Smaïn B. reconnaît les faits. En partie. « J’ai accompagné Yassine sur deux vols seulement. Et c’est lui qui, à chaque fois, a pris les véhicules. »« Il était là mais il n’a rien fait, s’exclame la procureure Pauline Loine. Il a déjà été condamné pour des faits similaires. Il assistait, a minima, M. Pruvost. » Profitant de l’absence de ce dernier, Me Maroin Chatti cherche à dédouaner au maximum Smaïn B. « Il n’avait aucun intérêt à dire qu’il connaissait Yassine. C’est lui d’ailleurs qui a mis les policiers sur sa piste. Et celui-ci a tout fait pour faire condamner mon client à sa place. Alors que c’est chez la compagne de Yassine que tout est retrouvé. Smaïn B. avait déjà prévenu lors de la comparution immédiate que Yassine Pruvost serait absent à l’audience. Il disait déjà la vérité malheureusement...»
Pour le tribunal, cette fois, point de doute. Smaïn B. est condamné à 18 mois d’emprisonnement, dont six avec sursis. Yassine Pruvost écope de 42 mois. Un mandat d’arrêt est prononcé à son encontre. Un de plus.