Bientôt licencié pour un tract syndical ?
Le Toulonnais Olivier Clément est dépanneur dans l’entreprise d’ascenseurs Thyssenkrupp. Ce responsable syndical est menacé de licenciement pour « abus de liberté d’expression »
Une chasse aux sorcières ? C’est en tout cas, ce que pense subir Olivier Clément. Le Toulonnais occupe un poste de réparateur chez l’ascensoriste Thyssenkrupp depuis 1999. Mais aujourd’hui, son employeur a lancé une procédure de licenciement à son encontre pour « abus de liberté d’expression » ainsi qu’une procédure judiciaire pour diffamation. L’origine du conflit serait un tract signé de la CGT diffusé au printemps dernier. Olivier Clément est secrétaire général du syndicat et également élu au Comité social et économique de l’entreprise.
« À ce titre, les autres membres et moi-même avons eu plusieurs réunions avec la direction nationale au début du premier confinement. L’objectif était de mettre en place un protocole sanitaire, les moyens pour la protection des salariés et des clients… Nous estimions nécessaire de ne couvrir que les urgences puisque nous manquions de matériel pour nous protéger. D’ailleurs la Commission de santé, de sécurité et des conditions de travail avait émis en ce sens un droit de danger grave et imminent. »
Mais la direction n’est pas réceptive à ces arguments et renvoie tout le monde au travail. Pour dénoncer cette position, la CGT se fend d’un tract. Le fameux tract qui vaut aujourd’hui au syndicaliste pressions et menaces.
La CGT signe et c’est Olivier qui est visé
« Nous expliquions qu’il était possible de faire valoir son droit de retrait. Visiblement cela ne leur a pas plu. Tout comme le titre du tract “Libre d’obéir” », raconte Olivier Clément. Ce titre fait référence à un ouvrage de Johann Chapoutot qui parle du management depuis le nazisme jusqu’à aujourd’hui. Et si c’est la CGT qui signe le communiqué, c’est bien le délégué qui est visé par sa direction à titre personnel. « Ils n’ont pas attaqué le syndicat mais bien moi nommément », précise-t-il.
Il se retrouve dès lors avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Thyssenkrupp veut le licencier au début de l’été. Et comme le prévoit la procédure lorsqu’il s’agit d’un travailleur protégé (1), l’inspection du travail doit donner son aval. Or, elle refuse de le faire pour vice de procédure le 28 septembre dernier. L’entreprise revient à la charge. Elle fait appel de cette décision et relance une procédure de licenciement. Quant à la plainte pour diffamation non publique, elle sera traitée au tribunal de Toulon le 5 janvier prochain.
Et la justice n’a pas fini d’entendre parler de cette affaire. Le syndicat a en effet, attaqué l’entreprise pour harcèlement moral et discrimination. Le rendez-vous est pris aux Prud’hommes le 25 mars.
Une première « inacceptable »
La CGT Thyssenkrupp et la CGT du Var soutiennent activement Olivier Clément. « Nous allons faire remonter l’affaire au niveau national, assure Patrice Moulun, secrétaire général de l’union locale de
Toulon. Ce serait une première inacceptable d’être licencié pour un tract syndical. » Sollicitée par nos soins, l’entreprise Thyssenkrupp n’a pas souhaité s’exprimer publiquement puisque « des procédures disciplinaires et contentieuses sont en cours. » Elle précise néanmoins que « la sécurité de nos employés et de nos clients reste notre première priorité dans la pandémie actuelle. » 1. En tant que syndicaliste, Olivier Clément est considéré comme salarié protégé.