«Le RCT a pris le bon cap»
Dimanche, Toulon se déplace à Paris pour affronter le Stade Français de Gaël Fickou. L’occasion de prendre des nouvelles du Seynois. Un match forcément particulier pour lui…
C’est l’histoire d’un rendezvous manqué. Du genre qui laisse des regrets. Enfin, surtout à Toulon. Formé au RCT, Gaël Fickou n’a jamais porté le maillot rouge et noir en professionnel. Le natif de La Seyne, débute à l’USS avant de filer au pôle Espoirs de Hyères. Barré au RCT époque « Galactiques » par des Giteau, Bastareaud ou encore Mermoz, Gaël rejoint alors Toulouse. Le début d’une autre histoire. Celle qui a fait de lui le meilleur centre de France, atout majeur des Bleus et pierre angulaire du système de Fabien Galthié. Aujourd’hui au Stade Français, il garde ses attaches dans le Var où il est coprésident de l’US Seynoise avec son frère Jérémie. Minot un jour, minot toujours.
Dimanche, ce sera forcément un match particulier pour vous. Vous le cochez en début de saison ?
Je ne suis pas du genre à regarder le calendrier et cocher les matchs. Après, c’est toujours plaisant, je joue contre mon club formateur, le RCT me tient toujours à coeur.
L’aspect émotionnel risque d’être fort...
Ce sera particulier. Il s’agit des deux clubs de coeur de Christophe Dominici. Toulon, là d’où il vient et où il a commencé, comme moi. Et le Stade Français où il a tout gagné et où il est devenu l’homme qu’il était. Il y aura de l’émotion des deux côtés, d’autant plus qu’un bel hommage est prévu.
Gardez-vous un oeil particulier sur l’évolution du club ?
Oui, forcément. Mais comme je peux regarder Toulouse. Avec le Stade Français, ce sont mes trois clubs. J’ai beaucoup de plaisir à les suivre et je les soutiens. Après le Stade Français, forcément !
De l’extérieur, comment jugezvous l’évolution du RCT ces dernières saisons ? Sincèrement, ce qui me fait plaisir, c’est de voir les jeunes du centre de formation jouer en équipe première. À mon époque, c’était beaucoup plus compliqué. Il y avait des joueurs comme Matt Giteau, Jonny Wilkinson et j’en passe. Pour les jeunes, il n’y avait pas beaucoup d’opportunités. Là, il y a des joueurs de la région, du club. Ils sont sur la bonne voie et montent une belle équipe.
On ne refera pas l’histoire, mais si le RCT avait eu cette politique à l’époque, vous seriez resté ? Certainement oui. Pour moi, c’était compliqué d’espérer pouvoir jouer. Ce n’est pas une critique, ils ont décroché trois titres de champion d’Europe, un Top . Ils ont écrit une belle page du club. Tout le monde s’en souviendra. À l’époque, c’était ce qu’il fallait faire pour remonter le club. Aujourd’hui, ils ont pris un autre cap. Je pense aussi que c’est le bon. Les supporters s’identifient aujourd’hui aux jeunes qui portent ce maillot.
Beaucoup regrettent de ne pas vous avoir vu en Top avec le maillot du RCT. Cette frustration existe-t-elle aussi chez vous ? C’est une question que l’on me pose souvent. On ne sait pas de quoi sera fait demain, je ne me projette pas. Si je ne boucle pas l’histoire, ce sera comme ça. La vie t’emmène parfois ailleurs. Aujourd’hui, je suis très content au Stade Français et à Paris. C’est un club qui a beaucoup de valeurs comme Toulouse et le RCT. Je ne me pose pas la question de revenir un jour à Toulon. Ça peut être envisageable, mais aujourd’hui, il me reste encore ans à Paris, et j’ai le temps de voir venir.
Un projet plus certain dans la région, c’est votre investissement à La Seyne au côté de votre frère.
Honnêtement, au départ ce n’était pas ma priorité, mais l’opportunité de reprendre le club s’est présentée. On essaie de s’investir au maximum et ça se passe bien. En l’espace d’un an, on est remonté en Fédérale . Là, on est premier. On est sur la bonne voie, même si on sait que ce sera difficile. Mais on est très heureux.
En tant que président, vous subissez aussi la crise Covid. Comment traversez-vous cela ?
Ça nous touche, mais comme tous les clubs. Nous avons la chance d’avoir des finances saines, des partenaires qui nous soutiennent, des historiques, mais aussi des nouveaux qui sentent que l’aventure peut être belle. On se sent soutenu. C’est déjà énorme pour nous. Voilà, on essaie de garder la tête hors de l’eau, même si ce n’est pas facile.
Quel objectif vous êtes vous fixé pour ce club ? Un peu à notre image avec Jérémie (son frère), nous n’avons pas de limite. Après, il faut être ambitieux, mais aussi raisonnable. On va essayer de bien figurer en championnat, jouer la phase finale, ce serait déjà très bien. Et après pourquoi pas élever nos ambitions.
Est-ce possible aujourd’hui de grandir dans l’ombre du RCT ? Moi, je pense qu’il faut qu’on travaille ensemble. C’est quelque chose d’envisageable. Aujourd’hui, nous avons quelques liens avec le club que nous n’avions pas avant. On verra au fil du temps, mais chacun peut tirer profit de cette situation.
Malgré la défaite, que retenezvous de votre match face à Lyon ? Il y a beaucoup de satisfaction, même si forcément on sort frustré par le résultat final (défaite -). Dans l’état d’esprit, nous avons fait le match qu’il fallait. Honnêtement, je pense qu’il y a très peu d’équipes qui repartiront avec des points de Lyon. Nous avons des choses à rectifier, mais on peut tirer du positif.
Est-ce que cela reste comme un match référence ?
C’était un match abouti. Dans l’implication notamment. En défense, nous avons été sérieux malgré quelques fautes qui les ont remis dans le match. On voulait repartir avec des points, c’est fait. Même si on aurait pu faire mieux.
‘‘ Je me pose la question de revenir un jour à Toulon.”
Votre début de saison a été marqué par la Covid, notamment la préparation. Craignez-vous de le « payer » à un moment ?
Tout ce contexte n’a pas été simple, il faut l’avouer, mais comme pour toutes les équipes. Malgré cela, je pense que nous nous sommes bien préparés, nous sommes en forme et je ne pense pas que cela puisse avoir des conséquences pour la suite.
Le staff a changé cette saison, que vous apporte Gonzalo Quesada ?
Nous avons beaucoup plus de certitudes, notamment au niveau technique. Il nous fait du bien, humainement aussi.
Après quelques années agitées, il y avait un vrai besoin de stabilité ? Forcément. Nous avons connu une saison compliquée l’année dernière. Là, nous commençons à prendre du plaisir, gagner des matchs. Forcément, ça donne le sourire.
Sur le plan personnel, comment vous sentez-vous ?
J’ai pas mal enchaîné avec les Bleus, là je suis de retour en club. Je reste en forme, même si parfois il y a un peu de fatigue car on enchaîne, mais on le sait, c’est le sport.
Le fait de rentrer de l’équipe de France avec des victoires, ça doit aider aussi…
Quand ça gagne, tu y vas et tu reviens avec le sourire, c’est logique. Après, il y aura aussi des jours difficiles, on perdra des matchs. En tout cas, on prend énormément de plaisir en équipe de France.
On sent justement que quelque chose est en train de se créer. Quel est votre rôle dans ce groupe en tant que leader ?
Je me dois de montrer l’exemple sur le terrain et en dehors. J’ai un peu plus d’expérience que la plupart des joueurs mais il y a aussi de très jeunes qui sont leaders et jouent très bien.