Var-Matin (Grand Toulon)

Le phénomène Héloïse Pégourié

La Toulonnais­e âgée de 16 ans a conservé son titre de championne de France espoirs en foil. De bon augure en vue de son principal objectif : participer aux Jeux olympiques 2024 de Paris

- PIERRE-MICKAËL AYI

Attention talent ! Héloïse Pégourié est un phénomène ébouriffan­t. À tout juste 16 ans, la Toulonnais­e, double championne de France, est l’espoir numéro un du kitesurf tricolore. À vrai dire, elle dérègle les compteurs. Après tout juste un mois de pratique, lorsque le commun des mortels peine à faire décoller la voile, l’adolescent­e s’envole aux championna­ts du monde de foil, au lac de Garde en Italie. C’était il y a un an, au mois de mai. « C’était ma première compétitio­n en foil [elle avait débuté le kite par la catégorie freestyle, Ndlr], on m’avait dit que j’avais le niveau, alors je ne m’étais pas trop posé de questions… » , raconte la jeune blonde à la queue-decheval.

« J’étais très rapide, mais je ne savais pas manoeuvrer. Quand il a fallu tourner, je suis tombée à l’eau et je me suis fait distancer. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi dur, que le rythme soit si difficile à suivre… Je l’ai très mal vécu, j’ai craqué, j’ai pleuré toute la nuit. »

Coup de foudre

En l’espace de quelques mois, l’athlète a bien grandi. Elle a intégré le pôle espoirs de Montpellie­r, ainsi que la toute nouvelle équipe de France féminine. Objectif : participer aux Jeux olympiques 2024 à Paris, sur le plan d’eau marseillai­s. Une première à domicile, ou presque. « Je suis la plus jeune de l’équipe, je peux prendre de l’expérience, observe-t-elle. Ma progressio­n est bonne, et j’essaie de continuer sur cette lancée. »

Héloïse tire ses premiers bords à l’Almanarre, à Hyères, en 2016. Ce n’est que deux ans plus tard qu’elle aun « coup de foudre » pour le foil, cette discipline spectacula­ire qui élève les riders dans les airs. « En freestyle, j’accumulais les blessures au pied, alors je me suis essayé au foil car la pression sur la planche est moins forte. Et ça m’a plu tout de suite. Au lieu de glisser sur l’eau, tu glisses dans les airs, la sensation est meilleure, surtout quand tu vas vite ! » La princesse de la route du sel est vite repérée par Sébastien Garat, double champion du monde en 2006 et 2007 et champion d’Europe en 2011, aujourd’hui entraîneur de la sélection tricolore. En deux ans, elle est propulsée dans le top 15 mondial. Le format des compétitio­ns lui va comme un gant.

« C’est une régate avec un parcours à effectuer le plus rapidement possible pour gagner, commente-t-elle.

Du coup, on doit étudier les vents, les nuages, les reliefs sur la terre et la mer, la marée, la houle, le plan d’eau, le matériel, c’est très complet. »

Aujourd’hui, l’élève de première au lycée Bonaparte, à Toulon, vit, mange et dort pour son défi olympique. « Je fais toujours les choses à fond, confirme l’ancienne championne régionale de patinage artistique. Je sèche les cours une semaine sur deux pour m’entraîner et je profite du moindre temps libre pour peaufiner ma préparatio­n physique. Je dors à 21 heures le soir pour décupler ma récupérati­on. »

Plus tard, Héloïse voudrait être ingénieur en aéronautiq­ue ou en génie maritimes. Mais chaque chose en son temps. « Je répète mes manoeuvres sans cesse et j’essaie de naviguer le plus possible, même seule, avance la surdouée en toute simplicité. En fait, je progresse à mon rythme. »

 ?? (Photo d’archives Luc Boutria) ?? Héloïse Pégourié savoure l’entraîneme­nt sur le spot de l’Almanarre. « Ici, on a toutes les conditions de vent, de houle, de clapot, on peut même naviguer en mer plate. C’est l’idéal. »
(Photo d’archives Luc Boutria) Héloïse Pégourié savoure l’entraîneme­nt sur le spot de l’Almanarre. « Ici, on a toutes les conditions de vent, de houle, de clapot, on peut même naviguer en mer plate. C’est l’idéal. »

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