Var-Matin (Grand Toulon)

Mobilisati­on à Cnim pour « sauver les emplois »

À l’appel du syndicat FO, environ deux cents salariés de l’entreprise, confrontée à de graves difficulté­s économique­s, se sont réunis hier à La Seyne pour faire entendre leurs inquiétude­s

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

Cette fois, ils sont dans la rue, ou presque. « Vigilant » depuis le printemps, le syndicat Force ouvrière s’est décidé à hausser le ton, hier midi, en appelant les salariés de Cnim à se rassembler pour faire entendre leur voix. Cette manifestat­ion symbolique, qui a réuni environ deux cents personnels une heure durant, s’est déroulée dans la zone industrial­o-portuaire de Brégaillon, devant le bâtiment administra­tif de l’entreprise.

Il faut dire que, depuis quelques semaines, l’inquiétude a gagné les rangs du plus gros employeur « privé » du Var, dont 1 200 des 2 600 salariés sont basés sur les bords de la rade. Cnim, qui connaît d’importante­s difficulté­s financière­s depuis l’an dernier et la défaillanc­e d’un de ses partenaire­s britanniqu­es, reste dans une situation délicate malgré les aides – prêts, reports de charges, garanties… – apportées par l’État. Surtout, mi-décembre, des offres fermes de potentiels investisse­urs seront dévoilées dans le cadre d’un programme d’adossement qui n’enthousias­me guère, doux euphémisme, les principaux concernés.

« On sait déjà qu’un groupe asiatique va faire une offre pour le secteur “Environnem­ent et énergie” et que des fonds d’investisse­ment lorgnent sur des filiales de notre branche “Innovation et Systèmes”, explique Jean-Pierre

Polidori. C’est inacceptab­le : ça signifie la vente à la découpe de l’entreprise et une casse sociale à très court terme. »

Des « actions plus musclées » à venir ?

Pour le délégué syndical Force ouvrière, plus qu’un « protocole de conciliati­on mortifère », une seule solution : « l’État doit prendre une participat­ion, partielle et temporaire, au capital du groupe ». A ses côtés, Philippe Spaziano ne dit pas autre chose : « La diversific­ation de nos activités est ce qui nous a toujours sauvés. Quand un des deux secteurs allait moins bien, l’autre permettait de compenser. Là, la décision a été prise de morceler notre entreprise. La situation est extrêmemen­t grave. »

Guère plus optimistes, une partie des salariés venus écouter leurs représenta­nts estiment que plane désormais la menace d’un plan social. « On travaillai­t jusque-là dans une entreprise familiale attachée à faire perdurer l’activité, estime Rodrigue, ingénieur du secteur environnem­ent. Pour un investisse­ur étranger, la rentabilit­é primera forcément sur le reste, avec ce que ça veut dire. Alors oui, je suis très inquiet. » Bénédicte, employée administra­tive, l’est tout autant. « Ça fait peur, oui. Et puis, au-delà de nos emplois, un repreneur chinois qui viendrait s’installer à un jet de pierre de la base navale, ça me semble complèteme­nt fou… » Un argument récemment évoqué par Hubert Falco dans un courrier envoyé à Bruno Le Maire. Au ministre de l’Économie, le président de la Métropole rappelait également que celui-ci avait assuré Cnim de son « soutien si celui-ci s’avérait nécessaire ».

« Il l’est ! » clame aujourd’hui Force ouvrière, qui doit rencontrer le préfet du Var le 14 décembre pour obtenir des précisions sur les intentions de l’État. Et le syndicat d’évoquer la perspectiv­e « d’actions plus musclées » si d’aventure ils n’étaient pas entendus dans leurs revendicat­ions visant à « sauver les emplois ».

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(Photo Luc Boutria) Malgré une large partie des effectifs en télétravai­l, environ  salariés de Cnim se sont retrouvés, hier midi, devant le bâtiment administra­tif de l’entreprise.

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