En panne de confiance
En quarantaine ! Les skieurs français repris à la frontière espagnole auront sept jours pour perdre leur bronzage et méditer sur leur sanction. Dès l’annonce faite, poussent, poussent les hauts cris ! Pourquoi eux et pas les autres ? Encore une preuve de totalitarisme hexagonal. Au calendrier de l’Avent des couacs gouvernementaux, aujourd’hui jeudi fera-t-il oublier hier mercredi ? Et surtout, ce jour où le Premier ministre a annoncé qu’il limitait la jauge à personnes lors des offices religieux, que l’on prie à Gilette, Ginasservis ou Notre-Dame-de-Paris ? Le soleil est à peine levé que les réseaux sociaux en frémissent déjà.
Ce pouvoir n’a qu’à s’en prendre à lui-même, lui qui se rêvait Gabin et se révèle Bourvil. À la fois coupable et victime d’un mal qui transperce le monde entier. Défiance partout, confiance nulle part. Méfiance, méfiance. Entre voisins de palier, vis-à-vis des corps constitués, des médias tout autant, des politiques n’en parlons pas. Imaginez que Jean Castex ait dit l’inverse, qu’il ait fermé les yeux sur l’escapade neigeuse de cette poignée de compatriotes, il aurait reçu la même volée de bois vert. Quoi ? Comment ? Pourquoi les autres et pas eux ? Alors que nos stations sont privées de remontées mécaniques, c’était la remontée de bretelles cathodique garantie. Pas pire que celle subie hier. Certes, il est parfois pratique, de glisser entre deux bourdes, une faute politique, comme l’article de la loi de Sécurité globale, conçu pour protéger les forces de l’ordre en intervention, sauf qu’il limitait très sérieusement le droit à l’information. Il suffit alors de retirer le texte incriminé pour l’envoyer à la réécriture, et on compte sur la bévue suivante pour effacer l’historique. Résumé teinté de vérité… mais terriblement réducteur de l’exercice du pouvoir. Comme si chaque jour advenait le règne de l’anecdote, le sacre du dérisoire. En fait, cette Covid empoisonne tellement notre époque que l’on a - nous tous - un mal fou à distinguer l’essentiel de l’accessoire, les décisions courageuses des pétards mouillés. Comment s’engager collectivement, dans un tel contexte, sur des dossiers relégués au second plan depuis de longs mois comme l’avenir des retraites, la fiscalité, la répartition des richesses, l’emploi ou la sécurité ? Ce sera compliqué tant que le premier chantier n’aura pas été rebouché : celui du rétablissement de la confiance. Pour l’instant, un chantier béant.
« Ce pouvoir n’a qu’à s’en prendre à lui-même, lui qui se rêvait Gabin et se révèle Bourvil. »