Var-Matin (Grand Toulon)

Nice : l’opéra fait le buzz

- ANDRÉ PEYREGNE

Comment garder contact avec son public en cette période si singulière ? La plupart des opéras du monde ont décidé de diffuser des films de représenta­tions données sur leurs scènes dans le passé.

L’opéra de Nice, lui, fait mieux. Ce ne sont pas des enregistre­ments anciens qu’il propose mais celui du spectacle qui devait être le premier de la saison 20202021, Akhneton, qu’il a filmé le 31 octobre sans public… devant une salle vide. Résultat, l’opéra de Nice fait le buzz sur internet, entre autres sur son site et sur Facebook. La vidéo a totalisé la bagatelle de 48 000 vues en huit jours un peu partout dans le monde ! Une prouesse pour la représenta­tion d’un opéra contempora­in ! Sur ces 48 000 connexions, 10 % ont été faites aux États-Unis. Il a été constaté que 90 % des internaute­s n’étaient pas des abonnés du réseau Youtube de l’opéra de Nice, ce qui prouve que l’opéra niçois a touché là un nouveau public.

Akhneton est, en effet, un ouvrage contempora­in – le dernier opéra du compositeu­r américain de musique répétitive Philipp Glass, encore jamais vu à Paris. Ce spectacle devait marquer l’entrée en fonction du nouveau directeur de l’opéra de Nice, Bertrand Rossi. Il l’aura marqué d’une façon inattendue ! En raison de la crise sanitaire, le célèbre metteur en scène Lucinda Child, âgée de 80 ans, intervint pendant trois semaines en vidéo-conférence depuis son appartemen­t de New-York, se levant tous les jours à 4 heures du matin en raison du décalage horaire. Le courage a payé. Le résultat est impression­nant. Etonnez vous en regardant sur Internet cet ouvrage étrange, hallucinan­t, hypnotique, qui, déroulant pendant deux heures sa musique répétitive, raconte l’histoire du pharaon de l’Égypte ancienne qui voulut convertir son peuple au monothéism­e. Les acteurs intervienn­ent sur un plateau circulaire dans une ambiance de super-production cinématogr­aphique. La distributi­on est dominée par la présence du chanteur Fabrice Di Falco, interprète du pharaon, dont le chant monte jusque dans des registres de voix féminines.

A ses côtés s’impose l’admirable mezzo Julie Robard-Gendre dans le rôle de la reine Nefertiti. Tous, chanteurs, choristes et orchestre sous la direction de Léo Warinsky font la fierté de l’Opéra de Nice dans cette vague lyrique virtuelle qui submerge les écrans du monde.

C’est l'écrivaine camerounai­se Djaïli Amadou Amal, figure populaire de la littératur­e dans son pays, qui a remporté hier le 33e Goncourt des Lycéens pour

Les Impatiente­s (Editions Emmanuelle Collas). Il s’agit d’un roman poignant sur la condition des femmes dans le sud-Sahel.

« L'écriture est simple et touchante et sonne juste, sans lyrisme superflu. C'est un livre subtil qui permet d'observer la question du mariage forcé par le prisme de ce témoignage émouvant », a déclaré par visio-conférence la présidente du jury lycéen Clémence Nominé. Ce roman est en fait la reprise de Munyal (mot peul qui signifie patience) publié en 2017 au Cameroun. S'inspirant de sa propre expérience de femme mariée de force à 17 ans à un polygame, Djaïli Amadou Amal met en scène plusieurs femmes contrainte­s comme elle d'accepter les codes d'une société patriarcal­e oppressant­e. Emue, Djaïli Amadou Amal s'est dite « très sensible » au choix des lycéens. Pour elle, l'intérêt porté par les jeunes au sujet des violences faites aux femmes « signifie un espoir pour l'avenir ». Afin de décerner ce prix, le jury national composé de douze lycéens s’est réuni en visioconfé­rence hier matin. Traditionn­ellement proclamé à Rennes, ville où il a été créé il y a plus de 30 ans, le Goncourt des Lycéens a été annoncé toujours par visioconfé­rence en présence du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France