Var-Matin (Grand Toulon)

Il a fait de Toulon un « grand port militaire »

- PIERRE-LOUIS PAGES

Le 11 juillet 1976, Valéry Giscard d’Estaing assiste depuis la passerelle du porte-avions Clemenceau à une revue navale en grande rade de Toulon. A l’issue de cette impression­nante démonstrat­ion de puissance de la Marine nationale, le président de la République prononce un discours, parfois visionnair­e, en présence de Maurice Arreckx, le maire de Toulon à l’époque. Morceaux choisis. Anticipant sans doute l’importance grandissan­te de la mer dans un futur proche – ce qu’Emmanuel Macron résumait il y a deux ans par cette phrase : « Le XXIe siècle sera maritime. » –, VGE annonce ainsi un projet de loi tout juste voté par le parlement « autorisant le gouverneme­nt à décider, selon les circonstan­ces, la création de zones économique­s nationales jusqu’à 200 milles nautiques de nos côtes ».

« Renforcer sa présence »

Estimant, alors que nous sommes encore en pleine Guerre froide, que la Méditerran­ée est « le centre de gravité, le point d’intersecti­on » entre l’Est et l’Ouest (il en veut pour preuve l’importance des forces navales étrangères qui y sont déployées), Valéry Giscard d’Estaing déclare : «Pourla défense de sa sécurité, pour la protection de ses intérêts, la France doit elle aussi renforcer sa présence. » Dans la foulée, le chef des armées annonce en toute logique l’accroissem­ent de « la capacité de la flotte du Levant basée à Toulon » . Et il va même jusqu’à donner le nom des navires de guerre devant prochainem­ent renforcer l’escadre de la Méditerran­ée. « Après les porteavion­s Clemenceau et Foch, et la frégate lance-engins Suffren qui ont rejoint votre port successive­ment en 1975 et 1976, le croiseur lance-missiles Colbert et la frégate lanceengin­s Duquesne suivront ce mouvement et seront basés à Toulon cette année et l’an prochain. » Au total, de 1974 à 1977, le tonnage de la flotte méditerran­éenne française aura ainsi presque doublé passant de 77 000 tonnes à 136 000 tonnes. Par ce renforceme­nt de la Marine nationale à Toulon, Valéry Giscard d’Estaing balaie les inquiétude­s du maire au sujet de l’arsenal, qui emploie à l’époque quelque 8000 personnes. « Grâce à l’augmentati­on du tonnage de l’escadre de la Méditerran­ée [...] le plan de charge de l’arsenal de Toulon est durablemen­t assuré. »

« Réputation internatio­nale »

L’avenir ne lui a pas vraiment donné raison. Pas plus que sur les CNIM qu’il qualifie alors, à juste titre, comme « l’un des premiers chantiers navals français », dont «laréputati­on est internatio­nale ». Optimiste, VGE veut croire que « grâce à leur spécialisa­tion dans les activités de haute technologi­e, porte-conteneurs et méthaniers, grâce aussi aux accords de rationalis­ation passés avec les chantiers de Dunkerque, ils font face à la crise économique mondiale avec toutes les chances de succès ». En 1986, dix ans après ce discours, les chantiers déposeront le bilan.

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(DR) Valéry Giscard d’Estaing, accompagné de son Premier ministre Jacques Chirac, assiste en rade de Toulon à la revue navale de juillet  depuis la passerelle du porte-avions « Clemenceau ».

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