Var-Matin (Grand Toulon)

Une Marie nouvelle aux Canaries

Après une année compliquée, Marie Barrué se refait la cerise aux Canaries, où elle participe dès demain à une Semaine olympique. La Hyéroise, elle, voit plus loin et évoque les JO 2024

- GUILLAUME RATHELOT

Au bout du fil, elle débite les mots comme elle aurait dirigé son bateau il n’y a encore pas si longtemps : à fond. Pourtant, à la croire depuis les îles Canaries, où elle s’entraîne depuis plus d’un mois, Marie Barrué s’est un peu calmée. Assagie.

Y compris sur l’eau, où la Hyéroise s’apprête à retrouver la compétitio­n, neuf mois après sa 20e place au championna­t du monde de Laser radial, en Australie. Elle participe entre demain et mardi à la Semaine olympique des Canaries. Seule Française en lice, elle se mesurera à quelques pointures de la catégorie.

« Une grosse remise en question »

Et plus que son objectif déclaré de médaille, c’est son nouvel état d’esprit qu’il va falloir scruter. « Je ne suis pas la même sur l’eau. J’ai changé mon style de navigation. Avant, j’étais plus dans l’action que dans la réflexion. J’y allais au feeling », assure Marie qui a mûri. Une Marie nouvelle, requinquée au crépuscule d’une année 2020 pourrie sur toute la ligne, elle qui avait fini 2019 en trombe. « C’était très dur psychologi­quement comme physiqueme­nt. »

En plus de problèmes personnels, la lasériste a pris deux claques majeures. Sa non-sélection pour les Jeux de Tokyo ? Elle l’a « très

(1) mal vécue » et « trouvée injuste ». Le confinemen­t ? Elle répète plusieurs fois que ça l’a minée. « J’étais en dépression, toute seule, à ne rien faire », soupire Marie Barrué. Au creux de la vague, elle a tout de même réussi à valider son diplôme de kiné et à opérer « une grosse remise en question ». Après avoir pris ses distances avec la Fédération, elle a donc décidé de se relancer, seule, aux Canaries.

Dans une sorte de bulle, loin de la crise sanitaire en France. « J’avais besoin de stabilité, de retrouver une routine », confie la barreuse de 24 ans. Elle s’entraîne tous les jours en compagnie d’athlètes venues de toute l’Europe avec « la recherche de performanc­e » comme objectif.

« J’avais perdu le plaisir de naviguer »

« J’avais perdu le plaisir de naviguer. Là, je le retrouve. Et je réalise la chance que j’ai de faire ce que j’aime », poursuit Marie Barrué, qui n’a plus qu’un objectif à long terme.

Ainsi, avec le recul, elle a digéré son absence à Tokyo. « C’est un mal pour un bien. Et ça m’a donné encore plus la rage, car en 2024, les Jeux sont à la maison ! » Ces JO de Paris, où les épreuves de voile doivent se dérouler à Marseille et où Hyères a été désigné centre d’entraîneme­nt olympique. Dans son esprit, la préparatio­n a déjà commencé. 1. Fin mars, la Fédération française de voile lui a préféré la Bretonne Marie Bolou.

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