Var-Matin (Grand Toulon)

Sept ans de réclusion pour le braqueur d’épicerie

La cour d’assises du Var a condamné Cédric Jacquey à sept années de réclusion criminelle pour une tentative de braquage à La Seyne en septembre 2017

- V. W.

Il arrive parfois que justice passe et que parties civiles, accusation et défense y trouvent leur compte. Cet alignement des planètes, assez rare dans une cour d’assises, s’est produit hier midi à Draguignan. En condamnant Cédric Jacquey à sept ans de réclusion criminelle pour la tentative de braquage de l’épicerie La Barque à La Seyne le 11 septembre 2017, les jurés ont su contenter tout le monde. Et en premier lieu les victimes, Alain et MarieHélèn­e S., qui n’attendaien­t rien d’autre de ce procès qu’une peine à la hauteur de leur traumatism­e. « Ils sont là sans rancoeur, plaidait leur avocate Me Brigitte AugierSach­er, mais avec l’espoir d’une vraie justice réparatric­e. »

« Escalade dans la marginalis­ation »

Déjà dans une position expiatoire – il n’a jamais demandé une libération conditionn­elle durant les presque trois ans de sa détention provisoire – Cédric Jacquey espérait quant à lui une décision permettant une réhabilita­tion rapide. Pour ses avocates, Mes Cécile Lagier et Emily Linol-Manzo, la peine « semble relativeme­nt adaptée ». « C’est un soulagemen­t, car nous avons le sentiment d’avoir été écoutés, soufflent-elles après l’énoncé du verdict. Le tribunal a tenu compte des antécédent­s de notre client, de son état d’esprit au moment des faits. »

Suicide social

La culpabilit­é de Cédric Jacquey ne posant pas question, du fait de ses aveux mais aussi des preuves matérielle­s à son encontre, les discussion­s ont donc porté sur le contexte ayant mené le jeune homme à cette tentative de braquage. « Ce n’est pas un évènement fortuit, une simple perte de contrôle, reste persuadé l’avocat général Carine Somody. Cédric Jacquey était dans une phase d’escalade dans la marginalis­ation. Il n’y a pas d’improvisat­ion. Tout était préparé pour revenir avec de l’argent. » Autant d’éléments qui l’amenaient à requérir une peine de huit à dix ans de réclusion. Pourtant, pour les enquêteurs de la police judiciaire, cette tentative de braquage est empreinte « d’amateurism­e ».« On donne à Cédric Jacquey une intelligen­ce sur l’acte qu’il n’avait pas, appuie Me Lagier. Il prend le fusil de son père, la voiture de sa mère, laisse sa cagoule sur les lieux, et rentre chez lui ensuite… Malheureus­ement, tout ça devait finir par arriver. Ce n’est pas un accident de parcours. »

Juste la fin d’une longue dérive. Entamée lors d’une séparation amoureuse, accélérée par le décès de sa mère en février 2016 et ayant trouvé son paroxysme ce 11 septembre 2017. Un suicide social qui aura ébranlé deux familles. Pour les époux S., « plus rien ne sera comme avant ». Pour l’accusé non plus, assurent ses avocates. « Sa détention est comprise, car méritée, explique Me Linol-Manzo. Il sait à quel point il a fait du mal. Aujourd’hui, il est de retour dans la réalité, la rationalit­é. » Cédric Jacquey ne fera pas appel.

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(Croquis Rémi Kerfridin) Alain et Marie-Hélène S. ont vu leur agresseur être condamné. La fin d’une épreuve, même si « le traumatism­e sera toujours là ».

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