Var-Matin (Grand Toulon)

Sur le chemin de sa

Deux ans après Tant que rien ne m’arrête, le chanteur revient avec Penso a te, un nouvel album en italien enregistré à Florence. Un retour aux sources familiales, ponctué de reprises renversant­es.

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Claudio Capeo est comme une pierre que l’on jette dans l’eau vive d’un ruisseau. Et qui laisse derrière elle, des milliers, oui des milliers de ronds dans l’eau.

Il est comme les Moulins du coeur de Michel Legrand. Comme un ballon de carnaval, un manège de lune. Il est l’été qui ne finit jamais sa course. À la fois passager du vent et camelot des mots...

Il est debout. Des sourires épinglés à son accordéon. Il est la fleur de tournesol. Habitée par la bienveilla­nce du soleil. Il est le chanteur de bistrots. La bête de scène. La voix de la rue en goguette sur les avenues chics.

Il est le Capeo. En vadrouille. Presque sur un coup de tête. Sur les routes de son histoire. Ses racines italiennes. La botte élégante et populaire. Délaissée pendant 20 ans. Dans un coin de sa mémoire trop occupée...

Il revient donc le vagabond. Bien chaussé de notes al dente. Avec un album à sa pointure : Penso a te, sorti hier. Tourbillon de titres originaux et de reprises. À la sauce Claudio !

« Quand je suis retourné en Italie, tout m’est revenu en pleine face, débite l’accélérate­ur de bonne humeur. J’ai revu la famille. C’était comme si on s’était quitté hier. On ne s’en voulait pas de cette si longue absence. On s’aime toujours autant... »

L’escapade n’aura duré que le temps d’un tournage. Trop bref. Si bien que le signore Ruccolo s’est offert une seconde chance. Une biguine, version dolce vita, avec femme et bambini.

« On est repartis en van. À la rencontre des gens. On dormait sur le bord des chemins. » Apprivoisa­nt le temps. Les souvenirs. De ses parents, partis du pays, de Molise, dans les années 1960 pour la France. Pour éviter la pluie des feuilles d’automne et s’offrir, à la force de leurs ailes déployées, un avenir plus enchanté.

De cette errance initiatiqu­e, sur les traces de ses aînés, devait forcément naître une source d’inspiratio­n. Un peu de rêve. Galopant sur son âme. À cheval entre deux patries... « C’est devenu une évidence : je devais enregistre­r là-bas. »

Là-bas, ce sera en studio, à Florence. À cent à l’heure, durant quinze jours, l’Enfoiré enchaînera les prises. De tous ces morceaux recollés dans sa tête.

« Ça a été une dinguerie. Non-stop. On a fini l’écriture de certains titres sur place. On savait exactement ce qu’on voulait... » De la simplicité. De l’authentici­té. Des plats de pâtes. « Beaucoup, beaucoup. » Un peu de chianti. Et la griffe capeoesque sur des tubes jamais tombés du nid.

Des classiques d’Umberto Tozzi, Eros Ramazzotti, Zucchero, Lucio Battisti (...), « qu’il ne fallait pas massacrer. Mais se réappropri­er ». À écouter, sous un ciel étoilé, la nuit en robe de soirée, Ti amo ,le pari est gagné. Tant les frissons valsent sur un océan de sentiments sauvageons...

Comme un feu follet

« Je crois que c’est bien réussi se fendra, sans fanfaronna­de, l’artiste aux pieds sur terre. Ah non, je ne vais pas me la raconter ! » Son dernier double disque de platine (Tant que rien ne m’arrête) n’a pas altéré les battements de son existence. « Je suis toujours avec la même femme. J’ai deux petits garçons. Je suis entouré des gens que j’aime. Et si je venais à partir en live, je m’en prendrais une ! »

Des rires de gosse. La bougie brûle. Mais sa flamme ne s’éteint pas. Le petit menuisier qui, môme à Cernay, ne se rêvait pas charpentie­r des plateaux à la Cloclo, bouffe le bonheur de l’instant à belles dents.

‘‘ Quand je suis retourné en Italie, tout m’est revenu en pleine face... ”

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