Les étoiles ont un nouveau catalogue
Le télescope spatial européen Gaia a dévoilé, jeudi, la première partie (EDR3) d’un catalogue de plus de 1,8 milliard d’objets célestes de notre galaxie, observés avec une précision inégalée. L’événement était attendu par les milliers de scientifiques autour du globe qui piochent quotidiennement dans les données de la machine, mise en orbite par l’Agence spatiale européenne (ESA) en 2013. La présidente de l’Observatoire de Paris-PSL, Fabienne Casoli, a salué lors d’une visioconférence la « mise à disposition de tous [...] de ce socle de l’astronomie », que sont les mesures de position, distance et mouvements des astres. Gaia est stationné à 1,5 million de kilomètres de la Terre, à l’opposé de la direction du Soleil, pour mieux se protéger de son rayonnement. Ses deux optiques balaient l’espace lentement, avec un tour complet en six heures. Le télescope détecte et observe une toute petite partie des astres de notre galaxie, qui a un diamètre de 100 000 annéeslumière, et au-delà. Après un premier catalogue en 2016, c’est grâce au deuxième, livré en 2018, que les scientifiques ont déterminé par exemple que notre voie lactée avait « fusionné » avec une autre galaxie, il y a dix milliards d’années.
« Le catalogue complet des étoiles proches »
Pour Frédéric Arenou, ingénieur de recherche CNRS à l’Observatoire de Paris-PSL on peut déjà se féliciter d’avancées marquantes qu’apporte le troisième catalogue avec 1,8 milliard d’objets célestes répertoriés. Jusqu’aux années 1990, on pouvait déterminer depuis la Terre la position d’à peine 8 000 étoiles par une mesure d’angle, la méthode de la parallaxe. Le précurseur de Gaia, Hipparcos, a révolutionné le domaine depuis son lancement par l’ESA en 1997, en cataloguant plus de 110 000 objets célestes. Gaia a une précision de mesure mille fois plus grande.
Fin de mission en
A ce jour, Gaia a transmis plus de 80 000 milliards de bytes. Un volume qui mobilise une grosse plateforme informatique du CNES en France, et celles de partenaires européens. Et qui explique qu’il ait fallu plus de trois ans pour fabriquer et valider cette première partie du catalogue, « qui comprend les positions, distances, mouvement et magnitude des étoiles », explique Catherine Turon, astronome émérite à l’Observatoire de Paris. La deuxième partie, avec par exemple des données sur les caractères physiques des objets observés, la classification des étoiles variables, et des données sur la galaxie d’Andromède, sera disponible au premier semestre de 2022. La fin de la mission de Gaia est maintenant prévue pour 2025. « Nous n’aurons pas de catalogue final avant 2028, au mieux », reconnaît Chantal Panem, cheffe de mission au Centre national d’études spatiales (CNES).