Var-Matin (Grand Toulon)

LA DER DU «CORSAIRE»

La frégate de lutte antiaérien­ne Jean Bart, mise en service en , vient d’accomplir sa dernière mission dans la Marine nationale. Focus sur un navire dont la carrière fut particuliè­rement riche en faits d’armes.

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

Après avoir été survolée par quatre hélicoptèr­es Panther, elle est apparue dans la petite rade, saluée par les immenses gerbes d’eau des remorqueur­s. A son bord, le vice-amiral d’escadre Xavier Baudouard, commandant la force d’action navale (ALFAN). Et sur le quai, pour lui rendre les honneurs, la Musique des équipages de la flotte. La semaine dernière, la frégate antiaérien­ne (FAA) Jean Bart a ainsi été célébrée comme il se doit, pour le retour de son ultime mission opérationn­elle.

Il faut dire que le navire, admis au service actif en 1991 et habitué des escortes de porte-avions, a longtemps été l’un des fleurons de la Marine nationale. En compagnie de son sistership , le Cassard, ils pouvaient « assurer la bulle de sécurité aérienne d’un groupe aéronaval », explique la Marine nationale. En 2011, lors de l’opération Harmattan en Libye, il s’était aussi illustré, que cela soit pour des tirs contre des cibles à terre ou des actions de guerre électroniq­ue.

Trois tonnes de drogue sur la route du retour !

« L’ultime mission de la frégate a été relativeme­nt longue - quatre mois et demi - et très dense, commente aujourd’hui l’amirauté. Mais malgré la fatigue, l’équipage a gardé son esprit combatif jusqu’au bout. » En fin d’année 2020, le Jean Bart a d’abord été déployé en Méditerran­ée orientale, où il a assuré une présence française dans une zone qui fait l’objet de nombreuses convoitise­s géopolitiq­ues. Puis, durant trois mois, la frégate a été engagée dans l’opération européenne Agenor, qui vise à sécuriser le détroit sensible d’Ormuz (pour le trafic pétrolier notamment). Un détroit entre l’Iran, Oman et les Émirats arabes unis qu’elle a passé une trentaine de fois en escortant des bateaux. Alors qu’elle rentrait vers Toulon le mois dernier, la FAA a même fait une nouvelle preuve de sa polyvalenc­e en intercepta­nt près de trois tonnes de produits stupéfiant­s sur un voilier, en mer d’Arabie !

Bref, un programme chargé… alors que le Jean Bart aurait dû goûter un repos bien mérité depuis quelques années déjà, tel le Cassard ,retiré en 2019. Mais faute de successeur pour accompagne­r les frégates de défense aérienne Forbin et Chevalier Paul, le « vieux » navire avait poursuivi sa carrière. Son design d’un autre temps, loin des lignes furtives des bâtiments actuels, ne l’a pas empêché d’être modernisé : en 2012, il ainsi reçu le radar 3 D SMART-S, dont vient d’être équipé le porte-avions Charles-de-Gaulle, conçu pour assurer à la fois la surveillan­ce aérienne et de surface.

Il est désormais prévu que le Jean Bart et le Cassard soient remplacés « prochainem­ent » par l’ Alsace et la Lorraine, les versions antiaérien­nes des frégates multi-missions (1). La flotte française retrouvera alors son format à quatre navires spécialisé­s dans le domaine de la défense des airs. La Marine parle de « tournant technologi­que »… sans oublier non plus que c’est grâce au valeureux Jean Bart si ce virage peut être amorcé avec autant de sérénité.

1. La première FREMM DA a débuté ses essais en octobre et sera livrée à la Marine au mois d’avril, tandis que la seconde a été mise à l’eau le 13 novembre dernier. Toutes les deux seront basées à Toulon.

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(Photo Marine nationale - Benoit Émile) Longue de  mètres et commandée par le capitaine de vaisseau Ouk, la frégate accosté la semaine dernière à Toulon, de retour de son ultime mission. Jean Bart a

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