Quel bilan pour la zone agricole protégée
Depuis 2018, La Garde a mis en place une « zone agricole protégée ». Une première dans la Métropole qui donne des résultats et inspire d’autres communes.
O «n était une ville agricole et je me suis rendu compte que cette activité s’est peu à peu éteinte. » Pour raconter la genèse de la Zone agricole protégée (ZAP) de La Garde, Jean-Louis Masson confie être parti d’un constat. Même si une grande partie du territoire de la commune a résisté à l’urbanisation, la vaste et verte plaine qui court du Coudon à la mer ne ressemble plus à ce qu’il connaissait lorsqu’il y gambadait en culottes courtes. Depuis le début des années soixante-dix en effet le nombre d’agriculteurs travaillant la terre n’a fait que fondre. Vignes, arbres fruitiers et cultures maraîchères ont été largement abandonnés au fil des ans. Un phénomène qui n’est pas spécifiquement gardéen bien sûr mais qui, ici, a en plus souffert de l’appétit immobilier pour le Var. En clair en regardant le prix du mètre carré du terrain constructible des propriétaires ont renoncé à faire exploiter leur terrain – parce que les baux s’étirent forcément sur une longue période – et croisaient les doigts pour qu’à la faveur d’une révision de zonage, leur parcelle passe de terre agricole à zone à bâtir. À la clé, une sacrée culbute puisque, si la terre agricole se négocie à 2 euros du mètre carré, le terrain constructible oscille entre 300 et 600 euros du mètre carré. Résultat, sur son territoire, la commune avait recensé quelque 60 hectares totalement en friche.
« Je me suis demandé ce qu’on pouvait faire pour changer ça parce qu’il n’y avait plus de politique agricole depuis trente ans, et donc on a lancé la Zone agricole protégée», résume JeanLouis Masson. Une volonté politique de graver dans le marbre la vocation agricole d’un terrain qui se traduit le 18 avril 2018 par un arrêté préfectoral.
Depuis, cette politique s’estelle traduite par un changement sur le terrain ?
« 35 ha d’espaces en friche à enjeux de reconquête ont été identifiés sur la commune », annonce la Chambre d’agriculture qui explique avoir « transmis un questionnaire à 57 propriétaires du secteur pour savoir s’ils souhaitaient vendre ou remettre en culture leur fond. »
La demande est là
Elle confie avoir enregistré « 8 retours à ces courriers. » Selon ses chiffres, 4,5 ha de terres ont pu être préemptés par la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) pour être confiés à exploitants.
« Tout le travail consiste en fait à mettre en relation les agriculteurs qui cherchent des terres et des propriétaires », constate Jean-Louis Masson en précisant que sont privilégiés les projets d’agriculture raisonnée et de circuits courts.
« Depuis 2018, la ZAP a permis l’installation de trois agriculteurs principalement sur du maraîchage, complète Gilles Broyer, conseiller municipal délégué à la valorisation de la ZAP. On a aussi reçu cinq porteurs de projets qui recherchent des terres à louer ou à acheter. On a enfin des agriculteurs qui sont déjà installés dans la ZAP et veulent augmenter leur superficie. »
L’offre arrive
Côté demande, le résultat semble donc au rendezvous. Qu’en est-il du côté de l’offre ?
« On a cinq ou six propriétaires qui se sont décidés à vendre, sourit Hélène Bill, première adjointe, déléguée à l’environnement et au développement durable. Pendant longtemps, ils ont attendu en espérant que le verrou saute et qu’ils puissent vendre en terrain constructible. Maintenant, c’est clair pour tout le monde : à aucun moment ils ne pourront le faire ! »
Au total, d’après les estimations de la mairie, grâce à cette prise de conscience des propriétaires, une vingtaine d’hectares seraient sur le point de retrouver la joie d’être cultivés.