Une stèle pour se souvenir de l’Eurydice
Une expédition de la Marine a permis d’installer une plaque sur l’épave du sous-marin qui s’est abimé au large de Ramatuelle. Un moment d’émotion pour les anciens membre d’équipage
Marins de l’Eurydice, vous qui nous avez quittés le 4 mars 1970, nous ne vous oublions pas. Vos familles, vos frères d’armes, vos amis ».
La plaque commémorative portant cette inscription vient d’être déposée sur l’épave du S644. Ce sous-marin d’attaque repose par près de 1 000 mètres de fond, avec les 57 membres d’équipage qu’il embarquait, au large du cap Camarat (lire histoire ci-dessous).
Une opération particulièrement délicate qui a été réalisée par la Cellule plongée humaine et intervention sous la mer (Cephismer) de la Marine nationale.
Vu la profondeur, ce ne sont pas des hommes-grenouilles qui ont installé la petite tablette de granit rose mais le ROV (Remotely operated underwater vehicle, ou véhicule sous-marin téléguidé) Diomède, engin unique dans cette force armée.
Difficultés d’agenda
Capable de plongées jusqu’à 2 000 m, le robot était contrôlé depuis le Bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSAA) Jason. Initialement, cette petite expédition devait avoir lieu le 5 mars... de l’année dernière. Pour le cinquanti ème anniversaire du naufrage de l’Eurydice. Néanmoins, l’épidémie de coronavirus battant alors son plein, la Marine a préféré reporter les commémorations.
Les difficultés d’agenda et de concordance des moyens (BSAA et ROV) se faisant, il aura fallu attendre une rotation complète de la Terre autour de l’astre solaire pour que cet hommage ne soit rendu par l’état-major de l’Escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque (Esna) et l’Association générale des amicales de sousmariniers (Agasm). Mais qu’importe. « L’important est d’avoir pu faire savoir qu’on n’oublie pas mes camarades », souligne Patrick Meulet, président de la section locale de l’Agasm, qui a fait graver cette plaque commémorative.
« Je me souviens de mes amis restés au fond »
Cet ancien premier-maître électrotechnicien a aussi et surtout été membre de l’équipage de l’Eurydice... jusqu’à quelques mois seulement avant son naufrage. « Tous les ans, le 4 mars est une journée difficile pour moi. Je me souviens avec douleur de mes amis qui sont restés au fond », raconte-t-il avec émotion. « Moi, c’est le destin qui a voulu que je reste en vie. L’Eurydice a été ma première affectation. J’ai embarqué à son bord en avril 1969 et je l’ai quitté six mois plus tard, en octobre de la même année. J’ai ensuite effectué ma formation d’électricien. Comme j’ai fini premier, j’ai eu le droit de choisir mon sousmarin. J’ai naturellement choisi l’Eurydice, pour y retrouver mes copains. Mais il n’y avait plus de place dans mon domaine de compétences. »