Marine Le Pen cherche à normaliser son discours pour « rassurer » les Français
Marine Le Pen, candidate à l’Elysée, veut « rassurer » les Français sur sa capacité à exercer le pouvoir, en s’efforçant de normaliser toujours plus son discours, dont elle assume aussi les imprécisions.
« Décidément, que de témoignages de recentrage », s’est exclamée, jeudi soir, la présidente du Rassemblement national sur BFMTV, où elle a été interrogée pendant plus de deux heures. Sur un ton mesuré, loin des outrances de 2017, la dirigeante d’extrême droite a défendu un projet, selon elle, « raisonnable » destiné à « rassurer » les Français qui ont « entendu beaucoup de [...] choses fausses » et « caricaturales » à son égard. « La raison, l’équilibre, le bon sens » seront les « valeurs » qu’elle défendra dans sa campagne, relève son numéro deux Jordan Bardella. Campagne que Marine Le Pen aborde avec « combativité » face à Emmanuel Macron et une droite affaiblie, mais aussi « modestie ». Si les Français la trouvent -- à 65 % selon Elabe -- « arrogante », « cela doit être corrigé », assure la cheffe du RN. « Je n’ai pas peur des étrangers » , a affirmé aussi Mme Le Pen, qui revendique une « dédiabolisation » de son parti des accusations d’antisémitisme et de racisme depuis son arrivée à sa tête en 2011, et défend une politique hostile à l’immigration.
Les pieds dans le tapis...
Mais en invoquant l’Outremer, où le RN est arrivé en tête aux européennes de 2019, pour justifier qu’elle n’était pas xénophobe, la dirigeante d’extrême droite s’est attiré les foudres de toute la macronie. « Faut-il comprendre que Madame Le Pen considère les Ultramarins comme des étrangers ? Les Outremer, c’est bien la France. La couleur de peau de nos compatriotes n’y change rien », a tweeté le ministre des Outremer Sébastien Lecornu. Accusée de manquer de personnel politique, la cheffe du RN a cité quelques ministres potentiels, comme l’ancien député LR Jean-Paul Garraud pour la Justice, ou l’ancien conseiller de Raymond Barre devenu le chantre au RN d’une écologie identitaire, Hervé Juvin, pour l’Ecologie. Les mêmes que Mme Le Pen avait investis sur la liste du RN arrivée en tête aux élections européennes et qu’elle a désignés comme têtes de liste aux régionales.
En quête de voix pour franchir la barre des 50 %, alors que les sondages la portent aux rives de la majorité au second tour, Mme Le Pen a défendu l’idée de former, si elle était élue, un « gouvernement d’union nationale », n’excluant pas d’y intégrer sa nièce Marion Maréchal, qui plaide pour une « union des droites ».
Mais en s’inscrivant déjà dans une victoire potentielle, la candidate risque de démobiliser son électorat traditionnel. Son père et ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Pen l’a prévenue qu’elle ne devait « pas du tout céder à cette attraction centriste avant le deuxième tour », parce qu’au premier tour, « il faut rassembler tous les Français qui sont légitimement excédés ».