Var-Matin (Grand Toulon)

Christophe Laporte cède face à Roglic, trop fort

Le Garéoultai­s a terminé deuxième de l’étape, hier à Biot. Il a imaginé déborder Primoz Roglic sur la ligne, mais le Slovène n’a pas bronché et s’est imposé

- CHRISTOPHE­R ROUX

En cyclisme, comme dans la vie, il ne faut jamais présumer de rien. Reste qu’il faudrait être sacrément audacieux pour miser sur une défaite de Primoz Roglic dans ce 79e Paris-Nice. Le Maillot Jaune semble solidement accroché à ses épaules. Pour sa découverte de l’épreuve, l’ancien sauteur à ski a, une fois encore, plané sur les débats.

Hier, il a réglé au sprint une étape promise aux baroudeurs ou aux sprinteurs-puncheurs, à Biot, au bout d’une côte de 2 km à 6,6 % de moyenne. Ses cuisses de feu lui ont permis de devancer Christophe Laporte et Michael Matthews sur la ligne. Le Slovène gagne partout, en haute montagne comme sur les bosses casse-pattes. Il a beau ouvrir sa saison, son appétit est gargantues­que et il ne laisse, déjà, que des miettes à ses adversaire­s.

Victoire en famille

Il a beau tenter d’avancer masqué, répéter à l’envi qu’il n’est pas encore à 100 % de ses moyens et qu’il « cherche le rythme », le double vainqueur sortant de la Vuelta (20192020) est un rouleau compresseu­r. Gêné en début d’année par une douleur à la hanche, résidu d’une chute survenue en août dernier sur le Dauphiné, le leader de la Jumbo est bel est bien remis sur pieds. Et les bienfaits de son stage de trois semaines à Tenerife début 2021, ne se sont pas fait attendre. Il avait montré sa forme à Chiroubles (Rhône) mercredi, sur des pentes à 10 %, il a enfoncé le clou dans la cité des verriers. « C’est très bien de gagner comme ça », a-t-il lâché hier, heureux de s’imposer devant sa femme Laura et leur petit garçon. Et comme s’il avait besoin d’un coup de pouce du destin, la Covid19 devrait encore lui faciliter la tâche aujourd’hui et demain. Avec des étapes réduites de 65,1 km sur les deux jours et un col de Vence rayé de la carte, changement­s imposés par le confinemen­t dans la métropole niçoise, cadenasser la course sera, sans doute, un jeu d’enfant. « Les modificati­ons du parcours m’importent peu, a d’ailleurs lâché le coureur de 31 ans, serein comme un moine shaolin. J’espère que ça ira à fond, ce sera excitant ».

Hier, il a ajouté Christophe Laporte à la longue liste des adversaire­s écoeurés. Le Varois était dans le coup, a terminé deuxième de l’étape et vécu une journée quasi parfaite, mais, comme d’autres avant lui, il s’est heurté de plein fouet à Roglic et son implacable puissance. « J’étais bien placé au pied de la dernière bosse, je n’ai pas eu d’effort à faire pour me replacer. Je suis resté derrière Roglic, mais je n’ai jamais pu passer », a déploré le Garéoultai­s, désormais installé à La Farlède.

À Biot, le puncheur de Cofidis a couru « comme l’un des patrons du peloton », dixit son pote Anthony Perez. Son équipier Guillaume Martin a placé une banderille à 600 m de la ligne, elle a obligé Roglic à réagir. Calé dans la roue du Slovène, le Varois espérait surgir sur le gong, mais ses rêves se sont fracassés sur le mur de Trbovlje.

« J’espérais que Roglic coincerait... »

« L’attaque de Guillaume n’était pas prévue mais heureuseme­nt qu’il l’a faite parce que des coureurs revenaient par l’arrière, reprenait Laporte. Elle m’a aidé. J’espérais que Roglic coincerait après l’effort qu’il avait fait pour aller le chercher, mais les jambes ont parlé. J’y ai cru dans les deux cents derniers mètres, mais il était simplement plus fort. »

Battu par le patron du peloton, le natif de La Seyne, vainqueur d’étape sur l’Étoile de Bessèges en février, « n’a pas à rougir », mais il est passé à côté d’un premier succès sur une course World Tour. « Roglic me prive d’une victoire. Ma deuxième place

confirme mon bon début de saison, mais il me manque toujours ce gros résultat. Ça pouvait être le plus beau succès de ma carrière. Il faut que j’aille le chercher. »

Deuxième d’une étape du Tour à Pau en 2018 (derrière Démare), Laporte tourne autour depuis bien longtemps. À 28 ans, il ne devrait plus tarder.

‘‘ Ça pouvait être le plus beau succès de ma carrière”

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(Photos Patrice Lapoirie) La Varois Christophe Laporte (au centre) n’a jamais pu déborder Roglic dans l’emballage final.

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