Des costumes pour tirer le fil de l’histoire
L’immense bâtiment de l’ancienne corderie, en dessus de la place d’armes, recèle d’étonnants trésors vestimentaires qui permettent de retracer l’histoire de la Marine à travers les uniformes
Niché au coeur des bâtiments historiques de La Corderie, long de quatre cent vingt mètres sur le port militaire de Toulon, le conservatoire des uniformes de la Marine regorge de trésors vestimentaires et d’objets divers. Pas moins de dix mille pièces témoignent d’un passé faste et conquérant. Huit cents mètres carrés répartis sur deux salles. La première, la salle Maureau, abrite un patrimoine historique unique en France au sein de la Marine.
Deux cents ans d’évolution
Là-bas, il y est retracé 200 ans d’évolution des effets d’officiers et d’équipages depuis 1786. Puis la salle Jean Bart, qui propose au visiteur un voyage dans le temps, plus technique des uniformes et des équipements. Ainsi que l’historique des comptoirs en colonies étrangères.
De la pièce la plus ancienne, un gilet de 1786 très bien conservé, aux tenues plus contemporaines truffées de technologies, en passant par des collections rarissimes de Pierre Balmain pour la Marine, c’est bien un trésor patrimonial varois et toulonnais qui sommeille ici. Provenant pour la plupart de dons privés, ce ne sont pas que des uniformes anonymes que Michel Marty et Marc Bellezit, tous deux gérants de ce patrimoine, mettent sous cloche, ce sont des tranches de vie de marins dont ils racontent l’histoire.
Gardiens de mémoire
« Avant que l’uniforme collecté trouve sa place en vitrine, nous faisons un travail d’investigation, nous remontons le temps. Nos uniformes ont appartenu à des officiers et des marins identifiés, dont nous retraçons le parcours et le vécu. » Certains d’entre eux sont de manufacture et révèlent un travail d’ornement de toute beauté et de finesse. Ornements qui attestent du grade et du rang de son propriétaire. D’autres renferment quelques « grigris » ou « porte-bonheurs » dissimulés dans un revers de veston ou au fond d’une poche. Comme une petite médaille de ST Benoît cousue dans tous les vestons de l’officier Reaul De La Guégonière, dénichée par Marc et Michel qui ont à coeur de percer le moindre mystère renfermé par ces joyaux nationaux.
Un voyage vestimentaire mais aussi un voyage technologique, oscillant de la confection du premier maillot de bain pur coton créé afin d’apprendre aux marins novices à nager, à une époque où les sous-vêtements n’existaient pas, jusqu’aux tenues de protection ultimes en kevlar, bien plus récentes.
L’envie de faire découvrir ce trésor
Un trésor que ces gardiens de mémoire du conservatoire, aimeraient enfin ouvrir au public civil. « Cela est possible, pour les groupes scolaires ainsi que pour les groupes associatifs, explique Marc Bellezit. Toutefois le conservatoire étant à l’intérieur de la base navale, il faut se plier à certaines règles de sécurité obligatoires. Pas de visite individuelle pour le moment étant donné le plan vigipirate actuel, mais cela est tout à fait envisageable sur rendez-vous ».
Ouvert en semaine de 8h à 12h et de 13h à 16h sur rendez-vous au 04.22.42.76.73 (hors période Covid).