SOS PETITS COMMERCES
Les fermetures d’enseignes se multiplient Nos solutions pour sauver le commerce de proximité
Frappés de plein fouet par la crise sanitaire et les mesures de confinement, les commerces de centre-ville souffrent. En 2021, le nombre de faillites devrait progresser de 15 à 30 % par rapport aux années précédentes. L’instauration du couvre-feu à 18 heures depuis le 12 janvier dans le Var, ajoute aux difficultés.
Les villes moyennes les plus touchées
Ce contexte particulièrement difficile intervient alors que les centres-villes marchands sont déjà fragilisés. En France, entre 2012 et 2019, le taux moyen de locaux commerciaux vides en centre-ville est passé de 7 % à 12 % (selon le baromètre Procos 2019, la Fédération du commerce spécialisé). Ce sont les villes de taille moyenne (entre 20 000 et 100 000 habitants) qui souffrent le plus, et dépassent le seuil d’alerte fixé à 10 % par la fédération. Dans le Var, les hypercentres de Toulon et Draguignan connaissent une très forte hausse du taux de vacance. Situé entre 6 et 9 % en 2015, il atteint 15 % en 2019.
Si la même tendance est enregistrée à Hyères, avec un taux qui reste toutefois dans une fourchette inférieure entre 12 et 15 % (2019), la Cité des palmiers repasse en dessous de la barre des 12 % en 2020. À Saint-Raphaël, la situation se dégrade également. Évalué entre 6 et 9 % en 2015, le taux de vacance a grimpé entre 9 et 12 % depuis 2019. Des disparités existent entre le coeur marchand et les quartiers limitrophes.
« Dans les grandes villes, on assiste à un resserrement sur l’hyper-centre. Là, la dynamique commerciale fonctionne, mais c’est plus compliqué dans les secteurs 2 et 3 », note Pascal Clément, responsable du service commerce à la CCI du Var.
Pourquoi cette perte de dynamisme ?
Dépopulation, départ des services publics, fermetures d’entreprises, concurrence des commerces périphériques, développement de la vente en ligne sont autant de facteurs qui remettent en cause la vitalité des centresvilles.
Nicolas Gillio, chargé de mission à la direction Ville et Territoire au Cerema (1), pointe aussi du doigt les risques d’aménager des zones d’activités en périphérie (lire ci-dessous).
Depuis 2015, les surfaces commerciales ont en effet explosé en périphérie des villes et, en 20 ans à l’échelle nationale, le nombre de surfaces commerciales supplémentaires a augmenté de 3 % par an.
Conso en berne et vente en ligne
« L’offre est deux fois supérieure à la demande », fait observer la fédération Procos. Depuis 2008, les dépenses des ménages baissent. « Ils consomment moins, donc le chiffre d’affaires par mètre carré baisse », explique Nicolas Gillio.
S’il doit faire face à la concurrence des centres commerciaux qui poussent en périphérie, le petit commerce affronte aussi la montée en puissance des achats en ligne, dont la hausse oscille entre 10 et 15 % par an (baromètre Procos 2019). Partout, face aux changements des modes de consommation, à la concurrence de centres XXL, les commerçants développent de nouveaux concepts, innovent, jouent la carte du service pour tirer leur épingle du jeu. Ils se fédèrent aussi. Néanmoins, le développement du commerce n’est pas qu’une affaire de commerçants.
Le dynamisme des centresvilles incombe à ceux qui organisent la ville, l’aménagent : les maires. Ce sont eux qui ont entre les mains les leviers d’actions pour d’une dynamique commerciale (lire ci-contre).
Pour des centresvilles attractifs
Créer des conditions favorables à la flânerie des clients, c’est un levier d’action que les villes utilisent.
Les espaces publics se réaménagent pour attirer habitants et consommateurs. Le centre ancien de Toulon change de visage au gré des nouveaux aménagements. Le dernier en date : la place Vatel. « La puissance publique investit dans des aménagements urbains très qualitatifs pour accompagner les commerces et les privés qui viennent s’installer dans le centre-ville », estime Jérôme Chabert, directeur général de Var aménagement développement.
Mais pas seulement. L’État est aussi partie prenante : pour redynamiser les centres-villes des villes moyennes, il a mobilisé en 2018, plus de 5 milliards d’euros sur 5 ans. Dans le Var, Brignoles et Draguignan ont été retenues pour bénéficier de ce dispositif.
1. Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement est un établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques.