Var-Matin (Grand Toulon)

Enquête pour détourneme­nt de fonds publics

Dans l’affaire des « repas d’Hubert Falco », le parquet de Marseille a confirmé hier à Var-matin être saisi d’une enquête pour « détourneme­nt de fonds publics », ayant donné lieu à une perquisiti­on

- SO. B. et E. M.

La visite des enquêteurs de la police judiciaire s’inscrit dans le cadre d’une enquête préliminai­re sur l’affaire des repas dont a bénéficié, jusqu’en 2018, Hubert Falco au sein du conseil départemen­tal (nos éditions d’hier).

Une fonctionna­ire, déléguée syndicale, avait saisi la justice pour dénoncer un avantage indu. L’ancien président de l’institutio­n avait alors déposé une plainte pour « dénonciati­on calomnieus­e ». L’élu varois, président du conseil départemen­tal jusqu’en 2002, est actuelleme­nt maire de Toulon et président de la métropole TPM.

Signalemen­t de l’intérieur du conseil départemen­tal

C’est dans ce contexte que la brigade financière de la police judiciaire de Marseille a perquisiti­onné des bureaux au siège du conseil départemen­tal, boulevard des Lices à Toulon. La fonctionna­ire territoria­le, et déléguée syndicale, à l’origine de l’affaire, a dénoncé les repas pris au sein de la collectivi­té par son ancien président. Et alerté la justice « voulant s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un détourneme­nt de biens publics ».

Hubert Falco avait gardé l’habitude de déjeuner à la cafétéria destinée aux agents territoria­ux, en qualité, soutient-il, de président de l’Entraide des anciens élus du conseil départemen­tal. Une explicatio­n partagée par l’actuel président du Départemen­t, Marc Giraud. L’accusation selon laquelle Hubert Falco aurait profité, à titre personnel, des services de cuisine du Départemen­t était également relayée par un ancien cuisinier de la collectivi­té, institutio­n dans laquelle il officiait de longue date. Ce dernier s’est suicidé, il y a un an, à son domicile.

« Des détourneme­nts inventés par une officine »

« Ces “détourneme­nts” inventés par une officine sont ridicules, les Toulonnais ont d’ailleurs dit ce qu’ils en pensaient en ré-élisant M. Falco dès le premier tour », objecte l’avocat du maire, Me Thierry Fradet, qui rappelle qu’une plainte pour « dénonciati­on calomnieus­e » aété déposée. Elle vise notamment la syndicalis­te qui est par ailleurs en contentieu­x avec le conseil départemen­tal, pour d’autres causes. « Nous avons appris avec satisfacti­on qu’une perquisiti­on avait eu lieu suite à [cette] plainte pour dénonciati­on calomnieus­e », avait affirmé Me Fradet, vendredi (lire notre édition d’hier).

Même son de cloche de la part de l’actuelle présidence du conseil départemen­tal du Var, pour qui « cette perquisiti­on fait suite, à notre connaissan­ce, à une plainte pour diffamatio­n déposée par Hubert Falco, ancien président du conseil général, à l’encontre de [Mme M.], un agent du Départemen­t ».

Ce samedi matin, le parquet de Marseille a confirmé que le cadre d’enquête de la perquisiti­on est bien celui d’une saisine pour « détourneme­nt de fonds publics ». L’avocat marseillai­s de la fonctionna­ire et syndicalis­te, Me Jorge Mendes-Constant, estime de son côté que « l’enquête pour calomnie ne pourra advenir qu’une fois que la plainte pour détourneme­nt de fonds publics serait classée. Ce qui ne me semble pas être le cas » .Et de conclure : « On ne peut être que satisfait quand la justice avance. »

« Ma présence est justifiée, en toute transparen­ce »

Hubert Falco a dirigé le conseil général du Var (sa dénominati­on de l’époque) pendant huit années, de 1994 à 2002. Devenu maire de Toulon en 2001, il a quitté son mandat départemen­tal l’année suivante. Les conseiller­s départemen­taux Horace Lanfranchi, puis Marc Giraud lui ont succédé à la tête de la collectivi­té.

Homme fort du parti Les Républicai­ns dans le Var, le maire de Toulon est devenu le président de l’associatio­n des maires du Var en 2020. Il n’a jamais nié ses déjeuners au sein de Départemen­t. En octobre 2019, Hubert Falco avait estimé que « ces accusation­s portaient atteinte à son honneur ». « J’ai été Président du conseil général de 1994 à 2002. Je suis depuis cette date président de l’Entraide des anciens élus du conseil départemen­tal et à ce titre, ma présence dans les locaux du Départemen­t est justifiée ! J’y ai naturellem­ent déjeuné, mais, comme à mon habitude, à la cafétéria, en toute transparen­ce et parmi les agents. »

Cette semaine, son avocat Me Fradet s’est de nouveau indigné : «Hubert Falco n’est pas spécialeme­nt connu pour ses penchants gastronomi­ques ou sa consommati­on d’alcool. Chacun sait qu’il s’agit d’un bourreau de travail qui mange en 10 minutes au milieu du personnel plutôt que dans des salons dorés. »

L’actuel président du conseil départemen­tal, Marc Giraud, avait mis en avant le même argument, expliquant que « les finances départemen­tales ne sont en rien mises à mal par ces déjeuners parfaiteme­nt connus et banals ».

Selon lui, Hubert Falco est du genre à déjeuner « un bol de riz, une tranche de jambon, accompagné­s d’une bouteille d’eau minérale » (lire notre édition du 17 octobre).

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(Photo Frank Muller) Le siège du conseil départemen­tal du Var, à Toulon.

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