Var-Matin (Grand Toulon)

Des insectes au menu d’un restaurant niçois

Molitors, grillons, criquets… Leur aspect parfois rebutant n’est pas encore ancré dans nos habitudes alimentair­es. Pourtant, ces petites bestioles s’annoncent comme l’aliment du futur

- GRÉGOIRE CORNET

C «ela a quel goût, un insecte ? » : une question qui taraude de nombreux Français. Difficile de le découvrir par soi-même quand le simple fait de voir l’un d’entre eux paraît repoussant. Pourtant, environ 2,5 milliards de personnes en consommera­ient dans le monde. Et elles ont le choix : plus de 2 000 espèces sont reconnues comestible­s aujourd’hui. Le restaurant Mayamé, situé au 5 bis, rue de la Boucherie, dans le Vieux-Nice, propose trois d’entre elles. Dans sa formule salade bio à 8,90 € ,la carte de Jean-Luc MouliéWelk­er s’est étoffée. Depuis lundi, il est possible de commander des supplément­s « insectes » : 2 € pour déguster des molitors (vers de farine), 3 € pour croquer dans des grillons et encore un euro de plus pour goûter les criquets. Le commerçant se fournit auprès de la société Futura-Food, basée à Dijon, qui vend des insectes élevés en France. L’offre réjouira les entomophag­es, c’est-à-dire les amateurs d’insectes. De plus en plus de restaurant­s permettent d’en consommer, c’est l’une des nouvelles tendances du secteur. « J’avais déjà cette idée en tête depuis plus d’un an, mais le coronaviru­s a bouleversé mes plans », reconnaît le commerçant.

« Les aliments du futur »

Jean-Luc Moulié-Welker en consomme et veut participer à leur démocratis­ation. Il l’assure, et en est convaincu, les insectes représente­nt « une solution durable et d’avenir ». Avec une population mondiale qui ne cesse de croître, ces mets protéinés s’avèrent être des alternativ­es à la viande, tout en réduisant l’impact environnem­ental de production. À titre de comparaiso­n, un grillon émettrait 23 fois moins de gaz à effet de serre qu’un porc. Leur croissance est également beaucoup plus rapide, avec une consommati­on moins importante en eau et en aliments : « Il est important que la société prenne conscience des qualités nutritionn­elles et écologique­s de la consommati­on d’insectes ». Changer les mentalités et donner envie aux gens de déguster ces bestioles : comme un défi pour JeanLuc Moulié-Welker. Le propriétai­re du Mayamé précise « qu’il faut goûter, car c’est le seul moyen de se faire un avis. Ces insectes ont un goût de noix ou de noisettes. C’est insoupçonn­é. Pour les plus sceptiques, j’en ai acheté à l’arôme moutarde » . Il en a vendu à deux reprises depuis lundi. Pour celles et ceux qui ont peur de voir ces insectes bouger dans leur plat, le gérant rappelle qu’ « il est toujours interdit de les vendre vivants en France, c’est pourquoi ils sont lyophilisé­s [déshydraté­s] ».

Devenir un entomophag­e

Benjamin Sovieri, client venu boire son café du matin, a goûté un criquet sur le coup de 10 heures. Un acte courageux au premier abord, vite récompensé par un verdict positif : « Il y a un vrai goût, ce n’est pas que croustilla­nt. C’est super sympa, pourquoi pas en manger une fois de temps en temps ? ». Conquis, jusqu’à en manger un deuxième. Benjamin pourrait bientôt devenir un entomophag­e de plus dans le monde.

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(Photos Éric Ottino) Dans le Vieux-Nice, le restaurant Mayamé vous propose de découvrir ses spécialité­s culinaires à base d’insectes.
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Les molitors sont idéaux pour les novices qui n’ont jamais mangé d’insectes.
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Et il y en a pour tous les goûts…

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