Var-Matin (Grand Toulon)

Le grand bol d’air des Azuréens confinés

Et de trois ! Et si possible le dernier... Les Azuréens soumis au confinemen­t en « formule week-end » ont profité hier de leur petite heure de sortie pour renouer avec leur bord de mer

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Un bouledogue français fait la sieste sur la Promenade des Anglais. Il est vautré de tout son long à l’ombre des chaises bleues. Son maître plongé dans la contemplat­ion d’une mer d’huile, soleil au zénith et radieux. Pas un bruit de voiture. Zéro trafic sur l’asphalte. Parfois un avion, mais rarement. Juste le roulement des vaguelette­s sur des galets fraîchemen­t ratissés, un souffle d’air frais pour s’aérer les idées.

Hier, affluence maximale en Baie des Anges pour un week-end confiné, mais pas trop. Merci le Paris-Nice, devenu Paris-Levens, dont les coureurs ont le bon goût d’éviter un littoral sous contrainte. Dans le rayon théorique des fameux cinq kilomètres et dans la limite hypothétiq­ue de soixante petites minutes, il est possible de baguenaude­r sans s’exposer à une ondée de PV. Ce dont les badauds, à pied comme à vélo, ne se seront pas privés.

« Avoir le droit de marcher de l’autre côté de la Prom’ et pas le long de la mer, rien de logique, c’était paradoxal, arbitraire », estime Djokovic,

« comme le champion de tennis », écoeuré d’avoir été cloîtré durant les deux week-ends précédents. Mounir, 26 ans, ingénieur francilien, s’est offert cinq nuits dans un grand hôtel du front de mer. « Tant pis pour les restaurant­s, je suis venu pour le beau temps. » Aucun regret, la météo ne l’a pas déçu, quelques visites aux amis et déjà le vol retour pour Paris.

« C’était long »

« Un mois que je n’avais pas nagé », grelotte Clément, 34 ans. Transi après vingt minutes d’immersion dans une eau à 14°: « J’ai la mâchoire engourdie, je peux à peine parler. » Sans articuler, il bredouille que le bain lui manquait. « Pour mon travail, je pars le matin à 7 heures et je rentre le soir après 20 heures. Deux week-ends à ne pas pouvoir profiter de la mer, c’était long. » Logan, 30 ans, n’en pouvait plus. Sur son tee-shirt, un slogan modeste : «Et Dieu créa les Niçois ». Carrément. Ce gaillard qui réside au port déambule sans masque, ce qui ne l’empêche pas de se méfier.

« J’en ai toujours un à portée de la main, au cas où je croiserais la police. Mais en plein air, comme ici, franchemen­t, hein… »

Sa compagne, visage à moitié mangé par un FFP2, avait des fourmis dans les jambes. Et surtout, la Promenade lui manquait. « C’est un peu notre maison. Notre identité. On vient tous les week-ends. »

« Ras-le-bol »

Logan renchérit : « Oui, rasle-bol. Pour la première vague, tout le monde a joué le jeu. Au deuxième confinemen­t, c’était déjà plus difficile. Maintenant, s’enfermer le samedi et dimanche, non, ça ne sert à rien. » Quitte à remplir deux attestatio­ns par sortie, le jeune couple déroge allègremen­t. Comme beaucoup, puisqu’en quelques clics, une autorisati­on écrase la précédente. Ce dimanche, on déambulera dans les mêmes conditions, et toujours sur attestatio­n, sans trop se soucier des contrôles.

Une brèche pour profiter en semi-liberté d’une Promenade des Anglais sans autos ni mots.

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(Photo François Vignola) Les Niçois sont venus en nombre prendre un bol d’air sur la Prom’.

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