Var-Matin (Grand Toulon)

Aux assises, un policier accusé de viol commis au tribunal

Claude M., fonctionna­ire de police affecté au palais de justice de Toulon, avait demandé à une prévenue une contrepart­ie sexuelle à un appel téléphoniq­ue

- V. W.

Si les affaires de viol sont malheureus­ement monnaie courante dans les cours d’assises, le dossier étudié à partir de ce lundi par les jurés dracénois surprend autant qu’il effraie. De par la fonction de son auteur présumé, policier, mais aussi de par les lieux de la commission des faits, les toilettes du tribunal judiciaire de Toulon. Claude M., alors brigadier-chef de 59 ans, est accusé d’avoir contraint Angélique C. à pratiquer une fellation en échange d’un appel téléphoniq­ue à sa fille le 13 juin 2018. La jeune femme était ce jour-là déférée devant le tribunal de grande instance - devenu depuis tribunal judiciaire - pour y être jugée dans une affaire de vol et d’escroqueri­e. Son affaire finalement renvoyée au 29 juin, il était décidé, dans l’attente, que la prévenue serait incarcérée aux Baumettes. De retour dans les geôles du tribunal, Angélique C., effondrée, demandait avec insistance à Claude M. de pouvoir téléphoner à sa fille de 12 ans.

Des traces ADN relevées

Ce qu’elle était autorisée à faire. Mais après avoir été emmenée dans des toilettes réservées au personnel judiciaire et pratiqué une fellation au policier… Quelques jours plus tard elle portait plainte pour viol. Les enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale retrouvaie­nt vite la trace de l’appel en question sur les fadettes de Claude M., ainsi que 17 autres appels de Claude M. vers le téléphone d’Angélique C. passés entre le 21 juin et le 10 juillet. Plus accablant pour le brigadier-chef, du sperme comportant son ADN était relevé dans les toilettes désignées par la victime. En garde à vue, placé devant cet élément à charge, Claude M. finissait par avouer, tout en indiquant que cet acte sexuel était le résultat des insinuatio­ns d’Angélique C. tout au long de la journée.

Un autre ADN, en mélange avec celui de Claude M., était également découvert dans les toilettes. Il appartenai­t à Rufino A. (1), prostitué de nationalit­é brésilienn­e. Celui-ci expliquait que Claude M. l’avait également contraint à pratiquer une fellation le 2 juillet 2018. Une accusation rejetée tout au long de l’instructio­n par le mis en cause. Le policier niera également avoir tenu des propos dégradants à connotatio­n sexuelle à trois autres prévenues dont il avait la garde entre 2014 et 2018. Malgré ses dénégation­s, il est mis en accusation ce lundi devant la cour d’assises du Var pour viols sur Angélique C. et Rufino A., ainsi que pour propos ou comporteme­nts portant atteinte à la dignité de Clarence N., Nadia M. et Pauline D. (1). Claude M. sera défendu par Me Valentin Loret. Mes

Tahani M’Barek, Mathieu Nadal et Hedy Makhlouf représente­ront les intérêts des parties civiles.

1. Les prénoms ont été modifiés.

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(Photo doc P. Bl.) Les geôles sont situées dans les sous-sols du palais de justice. C'est là que les personnes privées de liberté attendent d'être conduites à l'audience, ou dans le bureau d'un juge.

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