« Il faut que les fleurs deviennent des produits essentiels »
Le strelitzia ou oiseau de paradis, est l’une des variétés les plus malmenées par les effets de la crise sanitaire. « C’est une fleur de niche pour les bouquets de luxe, les mariages, les congrès, indique Céline Borello qui a repris la petite exploitation familiale au décès de son
père en 2015. Au premier confinement j’ai pu commercialiser quelques fleurs tardives. Pour la deuxième floraison, c’était un peu moins rude car les fleuristes ont fait du click and collect mais comme tous les événements sont annulés, c’est une des fleurs les plus touchées par le second confinement ». Résultat, 60 % de chiffre d’affaires perdu en 2020.
Une période anxiogène
Les aides lui ont permis de
terminer l’année : « J’ai reçu 10 000 euros de la Région et 1 500 euros de l’État pour les mois de pertes. Cela a servi à payer des factures et j’ai tapé dans ma trésorerie. J’arrive à tenir parce que je n’ai qu’un employé, pas de crédit sur mes serres. Mais l’objectif ce n’est pas de vivre des aides ».
Elle rappelle : « le végétal c’est vivant. On ne peut pas s’arrêter de désherber manuellement, de tailler les feuilles, d’entretenir les serres. Il faut qu’elles deviennent des produits essentiels ». Elle préfère ne pas envisager l’hypothèse d’un nouveau confinement car
« la période est déjà anxiogène ». Céline Borello préfère garder espoir : «Les gens ont découvert la production locale. Si certains consommateurs ne regardent que le prix, sans chercher ce qu’il y a derrière, comme le coût social et environnemental des fleurs importées par exemple, d’autres ont pris conscience qu’ils ont un large choix de fleurs cultivées près de chez eux».
Stéphane Marcadal est lancé dans une course contre-la-montre. Entre les renoncules et les pivoines, c’est la saison la plus tendue pour lui. À la culture s’ajoutent les livraisons pour ce Carqueirannais, installé en 1997. «5egénération dans les fleurs, 9e dans la terre », dit-il. Travaillant seul, il aide aussi sa mère, retraitée, sur une exploitation distincte, et commercialise 100 % de la production via la SICA (marché aux fleurs d’Hyères).
Le printemps 2020 a été
compliqué « avec des pertes importantes. On a chacun obtenu 1 500 euros par mois de l’État pour mars avril mai et 6 000 euros chacun de la Région ».
Pour l’instant 2021 se présente plutôt bien : «Ona de nouveaux marchés suite au confinement. On a la chance de travailler à l’export avec les grossistes. En France, le marché a du mal à suivre, il redémarrera fin mars début avril quand les prix baisseront ».
Comme toute la profession, il n’est pas totalement serein : « Tout peut basculer du jour au lendemain » ,résume-t-il. Mais pour l’instant, il travaille, sept jours sur sept, avec l’espoir de réaliser un bon chiffre d’affaires.