Vers un transfert massif de patients d’Ile de France
Avec une hausse continue des personnes en réanimation : près de 4 100 désormais, dont plus du quart en Ile-de-France, l’exécutif a annoncé, hier, le lancement d’évacuations de grande ampleur
Restos et lieux de culture toujours fermés, couvrefeu à 18 h en métropole, déplacements vers l’étranger limités, reconfinement localisé le week-end à Dunkerque ou à Nice… Les restrictions en place pour freiner l’épidémie de Covid19 sont déjà importantes, mais la pression hospitalière demeure toujours très forte.
Six transferts en avion par jour
Il est « très peu probable » que l’on parvienne à ce freinage sans de nouveau confiner, estime dans le JDD l’épidémiologiste Vittoria Colizza, qui craint que la gestion sanitaire soit « encore plus difficile » en avril.
Après trois personnes transférées samedi et trois dimanches, six par jour seront évacuées par voie aérienne à partir d’aujourd’hui, a annoncé, hier, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal depuis le tarmac de l’aéroport d’Orly d’où un avion sanitaire partait vers Bordeaux.
TGV médicalisés
Et une « opération plus massive » sera organisée en fin de semaine par TGV médicalisés, a-t-il ajouté, estimant à une centaine au total le nombre d’évacuations sanitaires depuis l’Ile-de-France la semaine prochaine, principalement vers les Pays de la Loire, la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie. Cette opération « chardons » s’ajoutera aux 175 transferts effectués en France depuis fin janvier, pour un total de 1 000 depuis le début de l’épidémie, a précisé le directeur général de la Santé Jérôme Salomon sur BFMTV.
Ne reconfiner qu’en dernier ressort
« Nous faisons tout pour ne pas avoir à prendre des mesures plus contraignantes pour les Français », a insisté Gabriel Attal. Mais « s’il faut confiner, on le fera », a ajouté Jérôme Salomon.
Saluant les évacuations, le chef des urgences de l’hôpital Avicenne de Bobigny Frédéric Adnet s’est inquiété de leur mise en oeuvre vu les difficultés logistiques et le consentement nécessaire des familles.
« Il n’est pas complètement évident qu’on arrive à cet objectif », a-t-il réagi sur BFMTV. Pour d’autres médecins, ces transferts ne sont pas suffisants pour réellement relâcher la pression.
« Ça ne suffira pas. Il faut ralentir la circulation du virus », a ainsi plaidé sur RTL le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’AP-HP (hôpitaux de Paris).
« Aujourd’hui nous commençons à chercher les lits, jour après jour c’est l’angoisse pour chercher de la place », a-t-il ajouté, évoquant un risque de « situation de débordement ».
Plus de 5 millions de personnes ont désormais reçu une première injection, dont plus de 2 millions ces deux dernières semaines, et 2,2 millions ont reçu leurs deux doses.
Le vaccin Janssen unidose attendu dans un mois
Les premières doses du vaccin Janssen, autorisé vendredi par la Haute Autorité de santé, sont attendues « normalement dans un mois », a déclaré le directeur général de la santé sur BFMTV. Ce produit à dose unique bénéficie d’une « logistique plus simple en termes de conservations » que les autres vaccins, a souligné Jérôme Salomon.
Baisse d’incidence chez les plus de ans
Les premiers effets de la vaccination se font-ils sentir en France ? Taux d’incidence, hospitalisations et décès baissent depuis plusieurs semaines chez les personnes âgées. Un effet qui pourrait s’expliquer par le choix, fait par les autorités, de vacciner en priorité les plus de 80 ans, mais qui reste à confirmer dans le temps.
Dès le début du mois de février, le taux d’incidence des plus de 80 ans a amorcé une descente, qui n’a depuis pas été stoppée. Alors qu’il était de 328 pour 100 000 habitants au 31 janvier, il a chuté à 160 aujourd’hui. Alors même que le taux d’incidence tous âges confondus a augmenté en France et stagne désormais au-dessus de 200 pour 100 000 habitants.