Marche blanche pour Alisha : « Plus jamais ça... »
En solidarité pour les parents de la jeune fille et dans une émotion très vive, des milliers de personnes ont rendu hommage hier à la lycéenne tuée la semaine dernière à Argenteuil.
Plus de 2 000 personnes ont rendu un vibrant hommage hier à Argenteuil (Val-d’Oise) à Alisha, « discrète » et « joyeuse » adolescente de 14 ans, devenue une victime de harcèlement, morte noyée le 8 mars dans la Seine après avoir été violemment frappée par deux camarades.
Sur le parcours de la marche, les slogans « Non au revenge porn », « stop au harcèlement », « justice pour Alisha » tapissaient les murs d’Argenteuil, au nord de Paris. Car avant le meurtre, elle avait d’abord été victime de harcèlement par ses agresseurs, âgés de 15 ans, sur le réseau social Snapchat, selon les enquêteurs.
De nombreux adolescents, accompagnés pour certains de leurs parents, s’étaient donné rendez-vous auparavant devant l’établissement où était scolarisée Alisha, point de départ de la marche blanche, à laquelle participaient de nombreux élus dont la présidente de l’Ile-de-France, Valérie Pécresse.
La prise de parole bouleversante de la maman
Tour à tour, ils ont déposé des bouquets de fleurs et des petits mots devant le lycée privé professionnel Cognacq-Jay. Puis le cortège s’est dirigé avec le parc des Berges. La foule s’est rassemblée autour d’une petite scène où les proches de la jeune fille ont pu s’exprimer. « J’attends que ma fille rentre à la maison, je ne dors plus la nuit. On m’a arraché une partie de moi, plus rien ne sera jamais comme avant », a témoigné dans un déchirement terrible la mère d’Alisha. Après ce dernier hommage, le cortège s’est peu à peu dissipé. Alisha a été la victime d’un guet-apens tendu par ses deux camarades le 8 mars, dans l’après-midi, sous le viaduc de l’autoroute A15, selon les premiers éléments de l’enquête révélés par le procureur de Pontoise. Dans ce lieu à l’écart des habitations, elle aurait été brutalement frappée puis jetée dans le fleuve, encore consciente. Deux camarades de classe, un garçon et une fille, ont été mis en examen pour assassinat et placés jeudi en détention provisoire.
Les relations au sein du trio scolarisé en Troisième, « trois amis au début », s’étaient dégradées, entre amourettes et « futilités » adolescentes, selon le parquet. Les choses s’étaient envenimées au point que leur lycée avait temporairement exclu les deux suspects pour le harcèlement de la victime.
« Le harcèlement, ça existe à l’école »
Alisha avait vu son téléphone piraté et des photos d’elle en sous-vêtements diffusées sur Snapchat. Les deux mis en examen devaient passer en conseil de discipline le lendemain du drame. « Le harcèlement ça existe à l’école », témoignait dans la marche Tayna, une adolescente, disant elle-même appeler sa mère dès qu’elle le subit. « On essaye de surveiller les téléphones. Je parle tous les jours à mes filles mais on ne contrôle pas tout », confiait, démunie, Sonia, élevant seule trois adolescents. Hier, la ministre chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa a annoncé sur Franceinfo que serait créée la semaine prochaine « un comité contre le harcèlement ».