Le défi de Xavier Bertrand
Elles devaient avoir lieu ce mois-ci, elles ont été repoussées, Covid oblige, aux 13 et 20 juin. Elles sont essentielles dans la vie publique de notre pays, et pourtant, les Français ne s’en préoccupent guère aujourd’hui, tant ils sont absorbés par les incessants flux et reflux du coronavirus. Ils ont tort, pour une raison au moins : c’est que les élections régionales devraient pratiquement servir d’élection primaire pour le, ou la, candidat de LR à la présidentielle, dix mois plus tard.
C’est en tout cas le défi que Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, s’est fixé à lui-même. Et, du même coup, aux responsables de la droite républicaine. En l’absence de tout candidat présidentiel désigné officiellement par l’ancien parti de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, en effet, tient la corde. Certes, il a quitté LR en 2017 et il n’est pas estampillé par la hiérarchie du parti. Il est même, quoique soutenu par quelques-uns de ses membres, très controversé par d’autres. Mais il n’en est pas moins le seul à avoir abattu ses cartes : s’il est réélu en juin prochain dans sa région, il déclarera sa candidature à la présidentielle de 2022, que les Républicains le veuillent ou non. Orila mis beaucoup d’atouts dans son jeu depuis qu’il a choisi, en décembre 2015, quittant le bourdonnement politique parisien, de faire don de sa personne aux Hauts-de-France, en abandonnant toute autre fonction nationale.
Il se présente, sur le terrain, comme ayant déjà passé le cap du premier tour, seul capable de faire l’unité au second. Il se fait fort d’attirer à lui, audelà de la droite, une partie des électeurs de gauche, même si Verts, socialistes, communistes et Insoumis ont cette fois accepté de faire liste commune au premier tour.
Quant au candidat de la République en marche, mal implanté, il n’est pas un danger pour Xavier Bertrand, au point qu’il apparaîtrait presque, face au représentant du Rassemblement national, Sébastien Chenu, comme un rabatteur de voix en sa faveur au deuxième tour.
Si Xavier Bertrand est réélu à la présidence des Hauts-de-France, il sera difficile aux Républicains d’écarter d’un revers de la main sa candidature à la présidentielle.
Même si Laurent Wauquiez, en Auvergne Rhône-Alpes, et Valérie Pécresse, en Île-de France, étaient en mesure de retrouver eux aussi leur présidence, il restera toujours que Xavier Bertrand a pris le départ avant eux.
Xavier Bertrand : « Le seul à avoir abattu ses cartes »