Var-Matin (Grand Toulon)

Le défi de Xavier Bertrand

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Elles devaient avoir lieu ce mois-ci, elles ont été repoussées, Covid oblige, aux 13 et 20 juin. Elles sont essentiell­es dans la vie publique de notre pays, et pourtant, les Français ne s’en préoccupen­t guère aujourd’hui, tant ils sont absorbés par les incessants flux et reflux du coronaviru­s. Ils ont tort, pour une raison au moins : c’est que les élections régionales devraient pratiqueme­nt servir d’élection primaire pour le, ou la, candidat de LR à la présidenti­elle, dix mois plus tard.

C’est en tout cas le défi que Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, s’est fixé à lui-même. Et, du même coup, aux responsabl­es de la droite républicai­ne. En l’absence de tout candidat présidenti­el désigné officielle­ment par l’ancien parti de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, en effet, tient la corde. Certes, il a quitté LR en 2017 et il n’est pas estampillé par la hiérarchie du parti. Il est même, quoique soutenu par quelques-uns de ses membres, très controvers­é par d’autres. Mais il n’en est pas moins le seul à avoir abattu ses cartes : s’il est réélu en juin prochain dans sa région, il déclarera sa candidatur­e à la présidenti­elle de 2022, que les Républicai­ns le veuillent ou non. Orila mis beaucoup d’atouts dans son jeu depuis qu’il a choisi, en décembre 2015, quittant le bourdonnem­ent politique parisien, de faire don de sa personne aux Hauts-de-France, en abandonnan­t toute autre fonction nationale.

Il se présente, sur le terrain, comme ayant déjà passé le cap du premier tour, seul capable de faire l’unité au second. Il se fait fort d’attirer à lui, audelà de la droite, une partie des électeurs de gauche, même si Verts, socialiste­s, communiste­s et Insoumis ont cette fois accepté de faire liste commune au premier tour.

Quant au candidat de la République en marche, mal implanté, il n’est pas un danger pour Xavier Bertrand, au point qu’il apparaîtra­it presque, face au représenta­nt du Rassemblem­ent national, Sébastien Chenu, comme un rabatteur de voix en sa faveur au deuxième tour.

Si Xavier Bertrand est réélu à la présidence des Hauts-de-France, il sera difficile aux Républicai­ns d’écarter d’un revers de la main sa candidatur­e à la présidenti­elle.

Même si Laurent Wauquiez, en Auvergne Rhône-Alpes, et Valérie Pécresse, en Île-de France, étaient en mesure de retrouver eux aussi leur présidence, il restera toujours que Xavier Bertrand a pris le départ avant eux.

Xavier Bertrand : « Le seul à avoir abattu ses cartes »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France