Var-Matin (Grand Toulon)

« Gagner un titre avec Toulon »

En fin de contrat à l’issue de la saison, Louis Carbonel prolonge l’aventure RCT pour trois saisons supplément­aires. L’ouvreur 100 % toulonnais explique ce choix du coeur.

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Certains supporters commençaie­nt presque à s’inquiéter, mais le RCT a officialis­é la prolongati­on de contrat de Louis Carbonel. Enfin. Deux années, plus une autre en option pour le minot de Mayol. Alors bien qu’en vacances « une coupure qui fait du bien, la première finalement depuis le mois de juin », le demi d’ouverture toulonnais a accepté de s’exprimer sur cette prolongati­on et son ambition en Rouge et Noir.

Tout le monde commençait à s’inquiéter. Mais enfin votre prolongati­on est officielle !

Ça fait un bout de temps que c’est finalisé. Je suis très heureux de continuer dans mon club formateur. C’est sûr que ça a été… enfin, il y a eu quelques discussion­s. Je suis content que ça aboutisse.

Comment avez-vous vécu les derniers mois avec tout de même un peu d’incertitud­es ?

Je pense qu’inconsciem­ment j’ai eu une période où je me posais pas mal de questions par rapport à mon avenir. C’était en début d’année. J’ai essayé d’y remédier le plus vite possible. Ces doutes n’ont pas duré longtemps, une ou deux semaines, ensuite c’est passé et je suis très heureux.

D’autres clubs étaient aux aguets. Comment avezvous vécu cet intérêt ?

C‘est toujours flatteur quand d’autres s’intéressen­t à vous, notamment de bons clubs. Il faut peser le pour et le contre. Aujourd’hui, je suis bien au RCT et c’est pour ça que je prolonge dans mon club de coeur.

Avec quel (s) objectif (s) ?

Celui de me laisser encore un peu de temps pour essayer de gagner un titre avec le RCT. Depuis tout petit j’ai ce rêve. J’espère que durant ces prochaines années, on arrivera à toucher du doigt… Un bout de bois !

Votre histoire est intimement liée à ce club…

Je suis attaché au RCT mais j’ai aussi un parcours personnel. S’il avait fallu partir pour mon accompliss­ement personnel, je l’aurais fait. Mais tout va bien, c’est le principal ! Je suis bien ici, dans cet environnem­ent, avec mes coéquipier­s et le staff.

Il y a toujours eu beaucoup d’attente autour de vous, ici à Toulon. Est-ce une pression supplément­aire pour un jeune joueur ?

J’ai toujours dû en faire un peu plus que certains. Après la coupe du monde U, les choses ont effectivem­ent un peu changé, mais je l’ai bien pris. J’ai toujours voulu être le meilleur possible sur le terrain, parfois je me suis peutêtre trop mis Martel en tête, essayant de trop bien faire. Cela a pu me desservir. Pour ce qui est de la pression médiatique, je ne l’ai jamais ressentie, car pour moi le rugby a toujours été un jeu.

On sent que vous avez franchi un cap cette saison. À quoi est-ce dû ?

Enchaîner les rencontres y est pour beaucoup. Et le tir au but aussi. C’est un secteur qui me tient à coeur et quand j’ai toutes les responsabi­lités, c’est sûr que je suis encore plus épanoui. J’aime ça. Cet ensemble de facteurs m’a fait progresser. Je suis heureux sur le terrain et je pense que ça se voit.

La blessure d’Anthony Belleau a peut-être accéléré votre prise de responsabi­lités...

J’aurais bien aimé que cela se passe dans d’autres circonstan­ces, sans la blessure d’Antho. J’espère qu’il sera avec nous le plus vite possible car on va avoir besoin de lui.

Vous êtes parmi les buteurs les plus efficaces du Top . Avezvous changé quelque chose ? Non, c’est juste le travail. L’an passé, j’ai fait un gros travail sur moi concernant les tirs au but. J’ai eu une période de doutes et j’ai mis les bouchées doubles. J’ai eu le privilège de voir les années du grand Toulon, je n’ai pas eu à aller bien loin pour comprendre ce qu’il fallait faire pour espérer devenir un des meilleurs buteurs en Europe. Parfois, je reste hh après les séances. Dès que tu t’entraînes un peu moins, tu le vois immédiatem­ent. J’aime ça, je le prends avec beaucoup de plaisir et de passion. Je déteste l’échec, j’essaie d’être le meilleur possible.

Dans les moments de doute, les conseils de Jonny Wilkinson reviennent-ils en tête ?

J’essaie de me remémorer tous les conseils que j’ai eu la chance d’avoir. Parfois, ce sont de petits principes tout bêtes, mais ça permet de revenir aux bases. En ce moment, nous avons également le privilège de pouvoir travailler avec Maxime Petitjean avec qui j’échange beaucoup. Je pioche un peu partout, c’est toujours intéressan­t. Il n’y a pas qu’une seule façon de frapper.

La charnière que vous formez avec Baptiste Serin fonctionne très bien. Comment jugez-vous votre associatio­n ?

Notre entente est très bonne. On se comprend très bien. Je pense que nous avons à peu près le même style de jeu. Nous échangeons beaucoup sur la stratégie. On sait mettre de la folie, mais aussi rester calme et donner de l’air à nos coéquipier­s quand ils en ont besoin. On essaie d’alterner, car on aime bien jouer, on se calme mutuelleme­nt quand il y a besoin (rires).

Cette saison, vous avez vécu votre première sélection en Bleu. Enfin ! J’attendais ça avec beaucoup d’impatience. J’ai eu la chance de faire les équipes de jeunes et ça été toujours été un de mes plus grands rêves de jouer pour l’équipe de France. J’ai toujours tout donné pour ça. J’ai parfois eu de petites déceptions, alors oui la première a été très importante.

Comment vivez-vous le fait d’être parfois dans ce groupe et d’autres non ?

Il faut toujours positiver. Ce qui m’importe le plus aujourd’hui c’est de faire de gros matches avec le RCT, de grandes saisons avec mes coéquipier­s. Si j’ai la chance d’être appelé, c’est du bonus.

Vous avez vécu à distance la période délicate du club sans les internatio­naux, avec les blessures et la Covid. Que ressentiez-vous ?

Quand on est à l’intérieur du groupe, c’est un peu moins stressant. Mais quand tu es comme ça à plusieurs centaines de kilomètres, que tu ne sais pas vraiment comment ça se passe, c’est angoissant. On avait régulièrem­ent les coaches, notamment Julien Dupuy, au téléphone, mais on était en stress devant les matches.

Justement, que vous apporte Julien Dupuy depuis son arrivée ?

Il a été joueur il y a peu, il apporte son expérience et sa vision du jeu. Sa patte commence à se faire ressentir, il y a pas mal de troisquart­s qui parviennen­t à se distinguer. Il aimerait que l’on joue beaucoup et que l’on arrive à avoir des ballons rapides pour plus nous exprimer. Il laisse beaucoup de libertés. Si on sent un coup alors on le joue à  %. Il faut aussi que l’on arrête de trop jouer au pied et de rendre les ballons aux autres.

On a vu Ma’a Nonu proche de vous, notamment à Bordeaux pour vous réconforte­r. Quelle relation avez-vous ?

Nous avons une très bonne relation. C’est un grand joueur. Que ce soit sur ou en dehors du terrain, il est aussi très drôle. J’échange beaucoup avec lui. Il a vécu tellement de trucs. Même si je suis parfois certain de mes choix, je lui demande quand même ce qu’il en pense. Je m’appuie vraiment sur lui. Les erreurs que l’on peut faire aujourd’hui, ça lui est peutêtre arrivé il y a dix ans.

‘‘ Petit, je rêvais d’être là, à Mayol ”

Autre homme d’expérience, votre père Alain. Vous débriefez toujours les matchs avec lui ? C’est d’autant plus vrai quand je fais de moins bonnes performanc­es pour voir ce qu’il y a à rectifier. C’est très important pour moi d’avoir son regard car c’est quelqu’un qui connaît très bien le rugby. Tout ce qu’il peut me dire est constructi­f.

Même si vous êtes encore jeune, quel est votre meilleur souvenir sous le maillot du RCT ? Franchemen­t, je pense que c’est la rencontre face à Clermont l’année dernière. Le stade était en fusion, tout était réuni pour faire un gros match et c’est ce qu’il s’est passé. Ce qui nous stimule le plus, ce sont les stades pleins et une ambiance comme à Toulon. L’absence de public est un gros manque actuelleme­nt. Quand tu as connu Mayol plein qui pousse avec cette ambiance de folie, encore plus quand tu es Toulonnais, ça manque énormément.

Votre père a joué au RCT, vous étiez abonné minot. Quel a été votre sentiment quand vous avez foulé, pour la première fois, la pelouse de Mayol ?

C’était bizarre. Je ne réalisais pas trop au début. Puis après en s’y voyant, en étant dans le vestiaire, on prend conscience. J’en parlais avec mes amis, quand on était petits, on rêvait d’y être. Là j’y étais. Ça m’a marqué, j’y repense aussi quand je ne joue pas. C’est un rêve de gamin qui s’est concrétisé.

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Textes : Fabrice MICHELIER Photos : Valérie LE PARC
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