Le pensionnaire d’un Ehpad étranglé par un résident
Les récits de deux victimes de Claude M., sans lien entre elles, se recoupent étrangement. L’ex policier, accusé de viols, ne peut expliquer pourquoi
La cour d’assises du Var l’a attendue. Longtemps. Mais Lina n’est jamais venue. Convoquée ce mardi pour témoigner de ce qu’elle avait vu le 13 juin 2018 dans les geôles du tribunal de Toulon (lire nos éditions précédentes) ,la jeune femme a finalement décidé de ne pas se montrer.
Le président Patrick Ramaël s’est donc contenté de lire son audition. « Angélique C. avait l’air un peu chaude, avait-elle raconté aux enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale (IGPN). Elle se léchait les lèvres, montrait son soutien-gorge. Et puis elle est revenue des toilettes en mode intrigue (sic). Elle m’a dit que le surveillant n’avait pas refusé la gâterie mais qu’elle n’avait pas pu fumer. Donc ils se sont juste fait un bisous… »
Une prostituée l’accuse de faits identiques
Un ramassis de « mensonges » pour Angélique C., qui accuse Claude M. de l’avoir contrainte à une fellation en échange d’un coup de téléphone à sa fille après l’annonce de son placement en détention provisoire. Un éclairage au contraire non négligeable pour la défense du policier, qui lui permet d’affirmer qu’un «jeu de séduction » s’était établi entre la détenue et le brigadier-chef. « Quel intérêt avait-elle à mentir ? », questionne Me Valentin Loret. Angélique C. ne sait pas.
Tout comme Claude M. ne sait pas pourquoi, Rufino l’accuse de faits
(1) identiques, dans les mêmes toilettes réservées au personnel, alors que la prostituée transsexuelle n’a jamais rencontré l’autre victime principale de ce dossier.
Mélange des genres
« Claude M. a clairement identifié une fragilité chez ses victimes et il en a profité » a pointé Me Tahani
M’Barek, aux intérêts d’Angélique C., lors de sa plaidoirie. Cette dernière, anéantie par la décision de justice, voulait donner des nouvelles à sa fille.
Rufino, elle, pensait sortir du tribunal après sa comparution immédiate quand elle a été dirigée vers les toilettes réservées au personnel. « J’étais fatiguée. Pour me débarrasser de lui, je l’ai fait, a-t-elle confié aux policiers. Puis il m’a laissé seule. J’ai alors craché car je me sentais sale. » C’est ainsi que les deux ADN, mélangés, ont pu être retrouvés durant les investigations.
« Dépassé par son quotidien »
Cette accusation, comme celle de harcèlement sexuel sur Kassandra N., Claude M. la rejette en bloc. En revanche, il reconnaît non pas le viol, mais avoir « craqué » avec Angélique C.. Affecté par plusieurs épreuves de la vie, et notamment le décès de son neveu, le brigadier était en dépression. Et le manque d’argent l’avait contraint à repousser son départ à la retraite.
« Il était dépassé par son quotidien, il avait décroché » estime le psychiatre qui l’a expertisé en détention. Un flou qui l’a amené à « abuser de son uniforme » comme l’a très justement noté Me Hedy Makhlouf, représentants Kassandra N., à l’occasion de sa première plaidoirie aux assises. « Un abus d’autant plus détestable qu’il implique un représentant de la loi, en position de force, face à une détenue aux abois. »
Ce mercredi matin, après les réquisitions du ministère public, les avocats de la défense auront l’occasion de donner leur version. Le verdict sera connu dans l’après-midi.
1. Le prénom a été modifié.