Var-Matin (Grand Toulon)

«Chiner, c’est comme une chasse au trésor»

-

À l’heure où on nous rabâche qu’il faut consommer différemme­nt, recycler, privilégie­r les objets reconditio­nnés, « on devrait être classés dans les commerces essentiels », lâchent Fabienne et Thomas, antiquaire­s ambulants spécialisé­s dans le mobilier et l’art décoratif du XXe siècle. De toute évidence, il n’en est rien. Depuis le 3 mars dernier, ces deux profession­nels résidant à Cavalaire sont même réduits au chômage technique. Du moins dans le départemen­t du Var où les foires à la brocante sont interdites. «Avecle confinemen­t des Alpes-Maritimes, on est obligé de s’exporter de plus en plus loin pour travailler ».

Pétition en ligne

Inconditio­nnels du Jas des Robert à Cogolin, Fabienne et Thomas ont bien entendu signé et partagé avec des confrères et des clients la pétition mise en ligne par l’organisatr­ice de cette brocante réputée. Mais pas question de rester les bras croisés en attendant que le vaccin ramène l’épidémie à la raison. D’autant que les mauvaises nouvelles continuent d’affluer. « L’an dernier, les salons des antiquaire­s de L’Isle-sur-la Sorgue et de Saint-Tropez n’ont pas pu avoir lieu à cause de la crise sanitaire. Ce sont quatre gros événements qui nous font vivre. Et le prochain salon qui devait se tenir à Pâques vient d’être annulé », confie Fabienne.

Brocante .

S’ils continuent de déballer les mardi et samedi matins sur le marché de Saint-Tropez, un marché classique qui réserve – en toute légalité - un espace pour quelques brocanteur­s, Fabienne et Thomas ont dû se réinventer. Jusque-là plutôt discrets sur les réseaux sociaux, ils ont davantage alimenté leurs pages Instagram et Facebook (1). Une petite révolution qu’ils avaient déjà entamée lors du premier confinemen­t. Plus visibles sur la toile, ils utilisent également Internet pour écouler leur marchandis­e. « On effectue des ventes en ligne. Notamment via le site spécialisé Selency. Mais, expédier les articles vendus, c’est un autre métier », commente Thomas.

À son ton, on perçoit une pointe d’insatisfac­tion. Thomas ne le nie pas. «Labrocante, c’est un métier passion. Chiner, c’est partir à l’aventure. C’est comme une chasse au trésor. Ne plus pouvoir le faire sur d’autres marchés, ça manque vraiment. Acheter sur des sites comme Marketplac­e n’a pas la même saveur ». Fabienne renchérit. « Les foires à la brocante en extérieur, c’est aussi l’occasion de se retrouver entre connaissan­ces, autour d’un café. Que ce soit avec les confrères ou les clients, ce sont des moments d’échanges, de conviviali­té. Malgré les consignes sanitaires. Ça aussi, ça manque ». 1. kitch & chic

 ??  ?? Interdits de déballer en plein air dans le Var, Fabienne et Thomas, un couple de brocanteur­s profession­nels non sédentaire­s, ont recours à la vente en ligne pour continuer à travailler.
Interdits de déballer en plein air dans le Var, Fabienne et Thomas, un couple de brocanteur­s profession­nels non sédentaire­s, ont recours à la vente en ligne pour continuer à travailler.

Newspapers in French

Newspapers from France