Var-Matin (Grand Toulon)

Le jour de gloire de Marcel Esteban

Engagé volontaire à 18 ans, auteur d’actes de bravoure dans la Résistance et au sein de la Première Armée française, Marcel Esteban est décoré de l’insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur.

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Instant solennel, vendredi soir en mairie de La Seyne : Marcel Esteban, 96 ans, venu accompagné de membres de sa famille, se voit remettre l’insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur. Pour avoir valeureuse­ment servi son pays durant la Seconde Guerre mondiale, cet homme originaire du SudOuest a déjà reçu de nombreuses décoration­s prestigieu­ses. Cette fois, c’est la plus haute distinctio­n française qui lui est attribuée, au nom du Président de la République. Voici le récit du parcours de ce « héros de l’ombre ».

Né le 6 novembre 1924 à Lavelanet (Ariège), d’un père immigré espagnol et d’une maire originaire des Charentes, Marcel navigue durant sa jeunesse au gré des déplacemen­ts de sa famille dans le Sud de la France. Jusqu’à ce que le travail de son père les amène à s’installer à Toulouse. Le jeune homme y pratique plusieurs sports (cyclisme et surtout natation) et enchaîne les « petits boulots » (apprenti coiffeur, garçon de café…). En novembre 1942, il a 18 ans lorsque les Allemands envahissen­t la zone libre. Il cherche alors à s’engager dans la Marine et à se rapprocher du Var. Trop tard : le 27 novembre, la Flotte se saborde à Toulon…

Des attentats contre les Allemands

Du coup, Marcel choisit la clandestin­ité. Dès janvier 1943, deux camarades l’invitent à une réunion secrète avec des anciens militaires. C’est son entrée dans la Résistance. Et Marcel va savoir tirer profit de ses activités… sportives. Au club de natation de Toulouse, il croise un nageur de haut niveau (Jacques Cartonnet) qui est aussi un membre important de la milice. Cette « connaissan­ce » va lui permettre d’obtenir un laisser-passer fort utile pour ses activités au sein des FTP !

Dans l’ombre, Marcel monte petit à petit en puissance. En avril 1944, il participe au sabotage de voies ferrées et de pylônes dans les environs de Toulouse. En mai 1944, toujours dans la ville rose, avec deux collègues, il fait sauter un tramway qui transporta­it des militaires allemands (lire ci-contre). Après quoi l’étau se resserre ; les résistants décident de rejoindre le maquis le 5 juin 1944. Et s’impliquent dans des actions d’envergure.

La progressio­n jusqu’à Stuttgart

Dans les semaines qui suivent, Marcel et son groupe participen­t à la libération d’Auch et d’Oloron-SainteMari­e. Puis la poursuite de l’ennemi les conduit à traverser la France et à prendre part à la bataille d’Autun (Saône-et-Loire), début septembre 1944. Ils rejoignent ensuite la Première Armée française, au sein du fameux « Corps Franc ePommiès », qui deviendra le 49 régiment d’infanterie. Après la remontée vers les Vosges et l’Alsace, c’est la traversée du Rhin et la progressio­n (difficile) jusqu’à Stuttgart, le 20 avril 1945. La guerre se termine enfin. Marcel prend garnison au quartier Napoléon, à Berlin. Il sera démobilisé en avril 1946. Il a à peine 21 ans !

Commence alors une nouvelle vie. Toujours sportive : en plus de la natation, Marcel se met au judo et gravit tous les échelons pour devenir professeur. Il participer­a même aux présélecti­ons olympiques pour les Jeux de Tokyo en 1962 ! Côté profession­nel, il devient « photograph­e de rue », sillonnant le pays pour tirer le portrait des passants sur des lieux touristiqu­es. Lors d’un passage en Touraine, il rencontre sa future femme, Ginette. Ils se marient en mars 1957 et leur fille unique (Isabelle) naît en 1964.

« La Seyne, une ville sympa ! »

À partir de 1967, Marcel devient photograph­e de presse : il entre à La Nouvelle République, à Tours, où il travailler­a jusqu’en 1989, date de sa retraite. Après soixante années passées en Touraine, son épouse et lui viennent s’installer à La Seyne, en août 2019. Ils y rejoignent

 ?? (Photos Sophie Louvet) ?? Marcel Esteban a reçu l’insigne de chevalier remis par Alain Marais, président de la section du Var de la Société des membres de la Légion d’Honneur.
(Photos Sophie Louvet) Marcel Esteban a reçu l’insigne de chevalier remis par Alain Marais, président de la section du Var de la Société des membres de la Légion d’Honneur.

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