Var-Matin (Grand Toulon)

Mort de Rémi Fraisse : décision cruciale demain

La Cour de cassation doit dire si elle confirme le non-lieu prononcé à l’encontre du gendarme à l’origine du tir de grenade qui a causé la mort du militant écologiste en 2014.

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Plus de six ans après la mort de Rémi Fraisse à Sivens dans le Tarn, la Cour de cassation dira demain si elle confirme ou non le non-lieu rendu en faveur du gendarme auteur du tir de grenade, dans cette affaire devenue emblématiq­ue des violences policières. En cas de rejet de son pourvoi, la famille du militant écologiste tué par une grenade en octobre 2014 verrait son espoir s’amenuiser, voire réduit à néant, d’obtenir le « procès public » qu’elle réclame.

La mère et la soeur de Rémi Fraisse « ne se font pas beaucoup d’illusions », a déclaré leur avocate Claire Dujardin. « C’est un dossier qui implique l’État », a-t-elle argué.

Cour européenne des droits de l’Homme si nécessaire

La famille a d’ores et déjà prévenu que, si elle n’obtenait pas gain de cause en France, elle saisirait la Cour européenne des droits de l’Homme. Rémi Fraisse, botaniste de 21 ans, avait succombé à l’explosion d’une grenade tirée par un gendarme lors de violents affronteme­nts sur le chantier de la retenue d’eau controvers­ée de Sivens, le 26 octobre 2014.

Le militaire qui avait lancé la grenade responsabl­e du décès n’avait pas été mis en examen.

Il avait bénéficié en janvier 2018 d’un non-lieu, confirmé par la chambre de l’instructio­n de la cour d’appel de Toulouse en janvier 2020.

C’est contre cette décision que la famille Fraisse a formé un pourvoi devant la plus haute juridictio­n de l’ordre judiciaire, qui est le juge du droit et ne se prononce pas sur les faits.

À l’audience, le 16 février, l’avocat général avait préconisé le rejet du pourvoi.

Au coeur de cette affaire, la question du maintien de l’ordre et de l’adéquation des armes utilisées. Selon la loi, n’est pas responsabl­e pénalement le fonctionna­ire de police ou le militaire qui a fait un usage « absolument nécessaire » et « strictemen­t proportion­né » de son arme. La famille de Rémi Fraisse reproche à la chambre de l’instructio­n de ne pas avoir « pris en considérat­ion » un certain nombre d’éléments avant de fonder sa décision.

Arme non létale

Devant la Cour de cassation, l’avocat de la famille, Patrice Spinosi, avait estimé que le recours à une grenade offensive OF-F1, une grenade par explosion, était une «réponse inadaptée » car elle avait été choisie « faute de mieux » , le gendarme n’étant alors pas doté d’autres types de grenades.

« Un homme est mort et (on ne peut) que le regretter », lui avait répondu l’avocat du gendarme, Emmanuel Piwnica, rappelant que les grenades offensives étaient alors autorisées et n’étaient pas classées dans la catégorie des armes létales.

 ?? (Photo AFP) ?? Le projet de barrage à Sivens, retenu en  malgré une levée de boucliers des environnem­entalistes opposés à la destructio­n d’une zone humide, a été abandonné après la mort de Rémi Fraisse. Un monument à sa mémoire y a été érigé.
(Photo AFP) Le projet de barrage à Sivens, retenu en  malgré une levée de boucliers des environnem­entalistes opposés à la destructio­n d’une zone humide, a été abandonné après la mort de Rémi Fraisse. Un monument à sa mémoire y a été érigé.

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