L’eau du canal de Provence au secours du rosé
La zone de Pierrefeu va être la première à bénéficier des travaux d’irrigation par le canal de Provence. À terme, ce sont 20 000 hectares de terres agricoles qui auront un accès à l’eau facilité.
Décidément, en ce début d’année, les bonnes nouvelles s’enchaînent pour les vignerons varois. Après la suspension pour quatre mois des taxes américaines qui pénalisaient fortement les exportations de vins français, les viticulteurs du département pourront bientôt compter sur un approvisionnement en eau sécurisé. Lundi, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau – ça ne s’invente pas –, Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, était en effet à La maison des vins des Arcs pour signer un projet d’irrigation de la zone de Pierrefeu avec la société du canal de Provence. Et il suffisait de voir la mine réjouie des professionnels pour saisir l’importance dudit projet.
Des agriculteurs soulagés
« Les besoins en eau sont énormes pour sécuriser, pérenniser nos cultures. La vigne bien sûr, mais aussi les cultures céréalières et maraîchères », explique Éric Paul, le président du Syndicat des vignerons du Var. Avant de rappeler : « On ne consomme pas l’eau, on l’utilise ».
Une précision qui a son importance. Les viticulteurs varois, qui ont déjà adopté des pratiques d’économie, y tiennent. « En plus d’être vital pour notre filière, ce système d’irrigation à partir du canal de Provence nous permettra de préserver les nappes phréatiques », met en avant
Eric Pastorino, le président des Côtes de Provence.
Les politiques au rendez-vous
Fabienne Joly, la présidente de la Chambre d’agriculture du Var ne dit pas autre chose : « Ce chantier nous donnera la possibilité de développer demain une viticulture de qualité qui consomme très très peu d’eau et la possibilité de développer une agriculture arboricole et maraîchère de proximité sans puiser dans les ressources souterraines ou nos rivières ».
Les viticulteurs varois n’ont pas eu de mal à convaincre les politiques de les soutenir dans ce projet. Lui-même vigneron, François de Canson, président de la communauté de communes Méditerranée Porte des Maures, déclare : « Personne ne peut nier le changement climatique (...) Longtemps, la vigne n’a pas eu besoin d’eau (...) Aujourd’hui, on parle de stress hydrique (...) L’augmentation du degré d’alcool et la baisse d’acidité entraînent la production de vins instables et sensibles (...) Sur le plan quantitatif, la baisse de rendement est flagrante et dangereuse pour nos exploitations. D’où l’importance de l’irrigation ».
En tant que président de la Région, Renaud Muselier est bien décidé à défendre le rosé de Provence. « Le meilleur rosé du monde, une vraie pépite ». Au travers de son plan climat « Une Cop d’avance » et de son plan « Or Bleu », la Région participera donc au financement d’un « chantier gigantesque » qui, étalé sur vingt ans, doit conduire à l’irrigation de 20 000 hectares dans le Var, pour un montant de 290 millions d’euros (1). 1. Outre la Région, la Société du canal de Provence, les agriculteurs, le conseil départemental et les différents établissements publics de coopération intercommunale concernés devraient participer au financement du réseau d’irrigation.