Var-Matin (Grand Toulon)

Au chevet d’Anthony Roux, accidenté, à Bormes

En convalesce­nce après une lourde chute, le Borméen Anthony Roux clame son amour du vélo. Le capitaine de route chez Groupama-FDJ se questionne aussi sur l’évolution de son sport.

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Il reçoit en claquettes – mais sans chaussette­s, hein ! – dans une maison retapée avec goût à Bormes-les-Mimosas, son village d’adoption depuis quatorze ans. Anthony Roux se sent peut-être toujours plus lorrain que varois, mais il l’assure : il finira sa vie ici. Le cycliste natif de Verdun devrait être en train de préparer le Tour de Catalogne et quelques Classiques, mais une chute à l’entraîneme­nt, début mars vers Pignans alors qu’il s’étirait, lui a causé des fractures aux côtes, aux cervicales et à la clavicule. Et cinq jours d’hôpital. Quarante-huit heures après sa sortie, il porte minerve et atèle mais piaffe déjà d’impatience. Champion de France 2018, le nouveau capitaine de route de la Groupama-FDJ n’en a pas fini avec sa carrière.

À bientôt  ans, ce n’est pas le genre de chute qui vous ferait dire stop ?

Non, parce que je sais que je vais remonter sur le vélo. Je me suis cassé beaucoup de choses, mais j’ai eu la chance que ce ne soit jamais rien de compliqué. Quand le moral est bon, c’est plus facile d’accepter sa convalesce­nce. Quand je vais remonter sur le vélo, ça va faire mal, parce que je suis motivé !

Quand pensez-vous reprendre ? J’ai au moins cinq semaines de repos. Après, c’est le corps qui va décider. Je vais rater les Classiques, que j’affectionn­e. Je devrais reprendre la compétitio­n en juin. Peut-être au championna­t de France, à Épinal, sur un parcours qui me convient, même si je ne serai sans doute pas dans un pic de forme... Je suis prévu sur la Vuelta en septembre et si ça se trouve, je serai tout frais !

Avant l’accident, vous aviez pourtant de bonnes sensations en ce début de saison ?

J’avais coupé sur un grand Tour (la Vuelta, en novembre), et les sensations sont vite revenues. Pour ma reprise, malgré ma chute (entorse cervicale sur le Tour des Émirats arabes unis), la forme était là. Sur la re étape, j’étais dans la première bordure dans le même temps que Pogacar, le vainqueur final), c’était sympa...

Votre boulot d’équipier, c’est quelque chose qui vous plaît ? Quand on sent qu’on n’est plus capable d’être leader ou de gagner des courses, il faut savoir se mettre au service de l’équipe. Certains n’arrivent pas à l’accepter. Moi, je commence à prendre ce rôle-là et je l’aime bien. Depuis la Vuelta, je suis capitaine de route et avec tout mon vécu, je pense que ça me correspond bien.

En quoi consiste ce rôle ?

C’est celui qui gère ses matelots dans le peloton, mais aussi en dehors des courses car il y a beaucoup d’humain, de mental... Ce n’est pas forcément le plus fort, mais il doit apporter une dynamique, mettre de la bonne humeur, apaiser les tensions, faire le lien avec les directeurs sportifs... Avec mon expérience, je peux donner des petits conseils pour motiver les gars, ou juste discuter, dire les choses. Moi, j’aurais voulu qu’un ancien me dise ce qu’il ne fallait pas faire. Par exemple, le surentraîn­ement, j’ai compris au bout de dix ans que ce n’était pas bon. Mais je fais partie d’une génération où chacun voulait éjecter l’autre pour prendre sa place. Ce n’était pas très bénéfique au final.

Qu’en est-il de vos ambitions personnell­es ?

La carte, on l’a toujours sur le vélo. En fin de saison dernière, j’étais proche d’arrêter et quelques

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mois plus tard, je me retrouve en situation de gagner sur une course World-Tour, alors que je n’étais pas leader au départ. Donc ça dépend de plein de paramètres... Après, je ne pense pas que je gagnerai autant de courses qu’avant. Pas parce que j’ai perdu mon niveau, mais parce que le niveau général a progressé – un truc de fou – et que la concurrenc­e est très rude. Mais je ne m’interdis rien.

Qu’est-ce qui vous fait avancer ? Je veux prendre du plaisir et apporter ce que je peux aux autres. J’aime les sensations que ce sport procure. J’ai toujours la même motivation de prendre mon vélo, d’aller m’entraîner tous les jours, de revenir et de le bichonner, le laver... Le jour où ça me fera chier, je commencera­i à me poser des questions.

Vous avez effectué toute votre carrière à la FDJ. N’avez-vous jamais eu envie d’aller voir ailleurs ?

À chaque fois que j’aurais pu en avoir l’envie, l’équipe progressai­t. Et au final, tu te dis que c’est top ici. Il y a sept-huit ans, tu regardais la Sky comme un truc incroyable, mais aujourd’hui, je ne les envie plus, on est pareil. Après, est-ce que ça aurait pu booster ma carrière ? Je ne sais pas. Et à vrai dire, la grosse occasion ne s’est jamais présentée. Je n’ai pas de regret, d’autant que beaucoup de coureurs aimeraient venir dans une équipe comme Groupama-FDJ

Croyez-vous aux chances de Thibaut Pinot de gagner un grand Tour ?

Ah oui ! Bien sûr qu’il en est capable. Physiqueme­nt, c’est un des meilleurs coureurs du monde. Il l’a déjà montré, mais il a souvent eu de la malchance. Pour gagner, il faudrait que tout soit réuni, qu’il n’ait pas de souci.

Et pour David Gaudu ou Valentin Madouas, les jeunes qui montent dans votre équipe ? Cela fait déjà cinq ans qu’ils sont là, ce ne sont plus des néo-pros. Ils sont dans le grand bain. David a déjà prouvé sur la Vuelta et s’il progresse encore de  %, il peut arriver à faire quelque chose sur un grand Tour, c’est sûr. Pour Valentin, cela paraît plus compliqué vu son gabarit : c’est plus un gros puncheur.

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1. Son contrat chez Groupama-FDJ a tardé à être renouvelé. Il a finalement signé pour un an.

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 ?? (Photo DR/Groupama-FDJ) ?? Anthony Roux (ici lors du stage de début de saison à Saint-Raphaël) espère revenir sur le circuit profession­nel pour les championna­ts de Franc à Épinal, début juin.
(Photo DR/Groupama-FDJ) Anthony Roux (ici lors du stage de début de saison à Saint-Raphaël) espère revenir sur le circuit profession­nel pour les championna­ts de Franc à Épinal, début juin.

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