Var-Matin (Grand Toulon)

Adriana Ménoury TRAVERSÉE DU DESSERT

La trentenair­e de Roquebrune-CapMartin, secrétaire médicale le jour, s’est piquée de pâtisserie il y a quelques années. Pour le plaisir, elle partage ses très belles créations sur Instagram, suivie par 24 600 personnes.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

Elle ouvre un grand tiroir carré. Empli de moules en silicone blanc et brique. Pour faire des dômes, des tubes, des carrés, des arrondis. On imagine déjà les entremets noisette qui pourraient venir y prendre vie, laqués. À moins que ce ne soient des mousses aux fruits, recouverte­s de velours grenat. « Si vous regardez bien, tous ces moules sont différents, même si mon mari ne voit pas toujours ces petites subtilités ! », glisse Adriana Ménoury dans un éclat de rire. Ah son rire ! Il constelle chacune des phrases qu’elle lâche quand elle parle de pâtisserie. Ses yeux s’éclairent, ses mains s’animent. Passionnée, assurément. Traversée du dessert. Basketteus­e semi-pro, Adriana, née en Slovaquie, est arrivée en France grâce au sport. Première halte à Saint-Etienne quand elle avait 16 ans, suivant les pas de sa soeur aînée. Bonheur partagé en haut du panier. Puis les frangines s’établissen­t à Roquebrune-Cap-Martin où Adriana joue jusqu’à sa jeune retraite des parquets, en 2016. Une échappatoi­re

En parallèle, elle est, depuis dix ans, secrétaire médicale dans un laboratoir­e d’analyses. Une profession délicate, très exigeante en cette

période de crise sanitaire. «Lapâtisser­ie, c’est vraiment mon exutoire,

mon échappatoi­re », souffle la grande et jolie blonde de 34 ans. Dès qu’elle le peut, elle troque la blouse contre le tablier. Sort son fouet. Dégaine le robot. Prend la farine, pèse le sucre, casse les oeufs. Remplit des poches à douille de mélanges audacieux. Abricot romarin. Verveine framboise. Des associatio­ns qui peuvent la faire cogiter des jours entiers. «Je peux aussi m’exercer à faire des recettes pendant plusieurs semaines. Pour le baba au rhum, par exemple, il m’a bien fallu quatre essais avant d’avoir un résultat convenable » ,explique cette pipelette perfection­niste. La pâtisserie, ça lui a pris au moment où elle est devenue tata. « D’abord, du cake design, pour les anniversai­res de ma nièce », retrace Adriana Menoury. De beaux et hauts gâteaux avec de la pâte à sucre colorée. Mickey, Winnie ou des noeuds roses qui coiffent l’ensemble. Bibliothèq­ue sucrée

« Puis j’ai commencé à m’intéresser à la “vraie” pâtisserie, un univers merveilleu­x. Je me suis rendu compte qu’avec mes mains, j’arrivais à faire autre chose que jouer au basket. »

Reportages faiseurs sur de Michalak douceurs. et les Abonnement autres au magazine Fou de pâtisserie. Virées parisienne­s dans les meilleurs palais sucrés – « avec mon homme, on mange sucré pendant 48 heures ». Dans son salon, une bibliothèq­ue déborde encore d’ouvrages consacrés aux desserts. Adriana tend une assiette. Dessus, un gâteau : biscuit dacquoise coco, crème coco, coeur ananas. « C’est ma copine, primeur à Menton, qui m’a réservé un ananas d’un autre monde », assure-telle. C’est tellement beau, qu’on hésite à planter la fourchette dedans. Adriana rigole. «Mamèredit que quand j’étais petite et que je me préparais un sandwich pour un déplacemen­t de basket, j’étais en transe, comme si je créais une oeuvre d’art. » Une vision esthétique qu’elle aime perpétuer aujourd’hui. Sur son compte Instagram aux 24 600 abonnés, les photos

de ses créations semblent sorties des plus belles maisons de pâtisserie. « Instagram, c’est surtout un moyen de communique­r avec les grands chefs pâtissiers », dit Adriana. Parmi ses préférés, le pâtissier de Cyril Lignac, Benoît Couvrant – «unecrème»–,

Ludovic Fontaliran­t, Yannick Begel en tête. Elle s’amuse à recréer leurs recettes, en ajoutant sa petite touche personnell­e sur le visuel. Adriana mélange le sésame noir avec le citron. La mangue, la noix de pécan et le chocolat dulcey. Ça titille les papilles. Elle joue avec la puissance du fruit ou des céréales. Tout en sachant saison garder. Puis, cette amoureuse de (simples) Tropézienn­es, photograph­ie ses créations, avec son smartphone, sur la table basse du salon. Avant de distiller ses merveilles sur la toile. « Tous ces abonnés, ça fait plaisir, mais je ne fais rien pour les avoir ! C’est la cerise sur le gâteau... Idem, je ne cherche pas de partenaria­ts, même si le jour où les chocolats Valrhona m’ont proposé un partenaria­t, je faisais des bons de cabris dans la cuisine ! » Obsession noisettes

Parce qu’elle veut conserver sa passion intacte, la jeune femme n’imagine pas pour l’heure faire de la pâtisserie son métier... Regrettabl­e, quand on a fini par craquer sur l’entremets coco et ananas. Un régal absolu de fraîcheur. Pour finir de nous convaincre, Adriana invite à croquer dans un délicieux moelleux noisettes gianduja. « Les noisettes du Piémont, c’est mon obsession. Sur une île déserte, j’en emmènerais un kilo...», lance-t-elle. Avant de s’apercevoir que sur une île déserte, ce serait compliqué. Sans David, son « amour », testeur de douceurs en chef. Sans les copains,

« cobayes » des brunchs dominicaux qu’Adriana aime organiser. On compatit à leur doux sort !

« Avec mes mains, je pouvais faire autre chose que jouer au basket »

 ?? (Photo A. Ménoury) ?? La tarte pistache fleur d’oranger.
(Photo A. Ménoury) La tarte pistache fleur d’oranger.
 ?? (Photo A. Menoury) ?? Entremets coco et ananas.
(Photo A. Menoury) Entremets coco et ananas.
 ?? (Photo Franz Chavaroche) ?? Adriana Menoury.
(Photo Franz Chavaroche) Adriana Menoury.
 ?? (Photo A. Menoury) ?? Entremets mangue et passion.
(Photo A. Menoury) Entremets mangue et passion.

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