« Nous luttons contre une délinquance qui prospère et qui est très organisée »
Jacques Diacono, général de gendarmerie chargé de l’Oclaesp
Ancien patron de la section de recherche de la gendarmerie de Marseille, le général Jacques Diacono a pris la tête de l’Oclaesp en 2015. Un service qui, alors que l’environnement et la santé publique sont de plus en plus au coeur des préoccupations, s’occupe de gros dossiers comme le Médiator ou encore l’enquête sur la gestion de la crise sanitaire.
Quel est le rôle exact de l’Oclaesp ?
L’Office s’intéresse aux gros dossiers comme les trafics en bande organisée avec souvent une dimension transnationale. On s’occupe également des dossiers d’une grande complexité ou très sensibles comme par exemple Lubrizol. En plus d’être saisis sur les dossiers très complexes, on peut également venir en appui des dossiers à plus petite échelle en tant que conseil, qu’il soit gendarmerie ou police puisque l’Office est interservices.
L’environnement et la santé publique sont au coeur de l’actualité…
Ce sont deux sujets de préoccupations majeures au niveau national et international. Aujourd’hui, nous développons l’Office car il y a une montée en puissance de cette délinquance et la justice va d’ailleurs créer une juridiction spécialisée.
Vous parlez d’une montée en puissance de la délinquance…
Nous luttons contre une délinquance de plus en plus prospère et qui est très organisée. On est face à des trafiquants qui se professionnalisent de plus en plus.
Y a-t-il un profil type ?
Ce sont souvent des délinquants très connus mais pour d’autres faits, notamment le trafic de stupéfiants. Au départ ils faisaient des stups puis ils se sont mis aux déchets par exemple, avec le même type de fonctionnement que pour gérer un trafic local de drogue. Les peines sont moins lourdes et ils peuvent faire beaucoup d’argent.
Comment fonctionne leur trafic ?
Au départ l’offre est alléchante, par exemple de la terre saine gratuite. Le particulier voit l’annonce sur le site Internet Le bon coin, il a justement besoin d’un peu de terre, dans le cadre de travaux par exemple. Il va dire oui pour une fois puis il va se retrouver rapidement avec quinze fois la terre souhaitée et souvent pas saine. Le trafiquant commence par payer une fois puis il ne paye plus, il menace, il extorque. On est sur une délinquance en reconversion qui vient parfois du grand banditisme.
A-t-on affaire à des règlements de comptes comme pour les trafics de stupéfiants ?
Nous n’en sommes pas encore ou du moins nous n’avons pour l’instant pas constaté de règlement de comptes de ce type. Mais on sait qu’il y a des guerres de territoire. Les délinquants, par exemple dans le Var, trouvent un bon filon, un endroit parfois pour les dépôts sauvages, et un second peut tenter de lui piquer l’endroit.