Var-Matin (Grand Toulon)

À l’hôpital de Toulon, la troisième vague est la « pire »

- ALEXANDRA JAEGY

« On arrive à saturation », confirme le docteur Ducros, chef du service réanimatio­n de l’hôpital Sainte-Musse à Toulon. Ce jeudi matin, les 33 lits de « soins critiques » de l’hôpital étaient tous occupés. Une situation qui rejoint la tendance varoise. À l’échelle du départemen­t, 80 patients étaient en réanimatio­n mercredi 24 mars selon les autorités, un nombre record depuis le début de la pandémie. Lors de la première vague « traumatisa­nte car nouvelle », l’hôpital avait « tout arrêté » pour se concentrer sur les patients atteints de la Covid-19. Pendant la deuxième vague, l’établissem­ent avait embauché davantage de personnel et déprogramm­é 60 % des opérations « différable­s sans perte de chance » ,ce qui avait permis de « passer le cap », selon le chef de service.

« Les patients sont dans un état plus sévère »

Mais « cette troisième vague est pire parce qu’elle dure et ne cesse de progresser », affirme le docteur Ducros. « On a ouvert autant de lits que lors de la 2e vague tout en déprogramm­ant moins d’opérations ». Actuelleme­nt, le taux de déprogramm­ation est de 20 % à Sainte-Musse. « On arrive à fonctionne­r grâce aux transferts intradépar­tementaux », détaille le médecin toulonnais.

Par un jeu de « chaises musicales »ou de « Tetris », les hôpitaux du départemen­t se coordonnen­t pour qu’aucun lit de soins critiques ne se retrouve inoccupé. Entre le 15 décembre et le 22 mars, l’hôpital a effectué 161 transferts, aussi bien dans le départemen­t qu’en dehors. Si cette troisième vague est « plus difficile », c’est également parce que le variant anglais est plus virulent. « Les patients sont dans des états plus sévères et plus longtemps » , déplore le docteur. À l’automne, le personnel avait été formé aux traitement­s moins invasifs, comme la corticothé­rapie, qui s’était révélée efficace. «On pensait qu’on allait y arriver », raconte le profession­nel de santé. Mais le variant anglais est plus résistant et touche des patients plus jeunes (lire également en page 6). Selon le docteur Ducros, la population qui se trouve actuelleme­nt en réanimatio­n est âgée de 40 à 75 ans. À l’heure actuelle, la vaccinatio­n est ouverte aux plus de 75 ans, et sera étendue aux plus de 70 ans samedi. « C’est une population que l’on ne voit plus en réanimatio­n. Il faut une vaccinatio­n beaucoup plus rapide et massive, nuit et jour, week-ends et jours fériés compris, dès l’âge de 40 ans, car c’est eux qui sont en soins critiques » ,défend le médecin.

Autre solution : « Ne plus se voir. Je suis désolé, mais il faut se tenir à sa bulle sociale familiale, ne pas sortir, ne pas aller travailler. Si l’on respectait strictemen­t les consignes, si l’on se limitait aux rassemblem­ents de six personnes, ça serait déjà bien », poursuit le chef du service réanimatio­n, pour qui « il n’y a pas de solution miracle ».

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(Photo L. M.)

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