La même passion, mais plus le même « ciré »
Ancien du commando Hubert, le Toulonnais Philippe Hartz se lance dans une nouvelle aventure maritime : celle de la course au large en solitaire. Premiers pas aux Sables d’Olonne
En s’alignant lundi 22 mars au départ de la Solo Maître CoQ (1), devant Les Sables d’Olonne, port mythique pour les tour-du-mondistes solitaires, Philippe Hartz a peutêtre vécu le premier jour du reste de sa vie.
À 39 ans, dont 17 ans de Marine nationale, ce nageur de combat a en effet décidé de se lancer dans la course au large.
« Je suis toujours militaire d’active, affecté à l’école de plongée de Saint-Mandrier, mais la Marine a accepté de me détacher pour la réalisation de mon projet ». Devant la détermination du bonhomme, ancien du commando Hubert, la Marine nationale a préféré en effet le soutenir. Se mettre dans son sillage. En retour, elle a eu le droit d’apposer son nom en grand sur la coque, la grand-voile et le spi du Figaro 3, le voilier monotype de Philippe Hartz. Déjà, une sacrée belle vitrine. « On part pour une saison. On verra ensuite en fonction des résultats », glisse le premiermaître Philippe Hartz.
Déplacer des montagnes
Vingt-sixième lundi, au soir de la première régate, le marin toulonnais a gagné dix places à l’issue de la 2e course, le lendemain. « Je suis plutôt satisfait. Surtout avec à peine cinq jours d’entraînement dans les pattes, auxquels s’ajoute le convoyage depuis Lorient ». On l’aura deviné : être présent cette semaine aux Sables d’Olonne constitue déjà une première victoire pour le marin toulonnais. « C’était un challenge plutôt audacieux. Il a fallu déplacer quelques montagnes. Bien peu pensaient que j’y arriverais ». C’est qu’en à peine deux mois et demi, Philippe Hartz – 1,75 m, 78 kg – a dû rechercher des partenaires, assurer la communication de son projet, trouver le bateau, le floquer aux couleurs des premiers sponsors, avant de le mettre à l’eau.
Une course effrénée contre la montre !
Sans froid et système D
Ceux qui ont cru en lui
(2) dès le début peuvent être rassurés. Philippe Hartz a déjà démontré une belle force de caractère. Si l’on ne saura rien des missions auxquelles il a pu participer, ce lointain descendant de Viking (son père est danois) reconnaît que son passage dans les forces spéciales lui a apporté sang froid et sens de la démerde. Le fameux « système D ». « Je capitalise mes années de service au sein des commandos marine. Je me connais bien. Je sais parfaitement gérer les situations hors de ma zone de confort ».
Des qualités sans doute plus longues à acquérir que la pratique de la voile. D’autant que Philippe Hartz n’est pas novice en la matière. Si ses débuts en Optimist sur la rivière Erdre (Loire-Atlantique) commencent à dater, le Toulonnais a été sacré champion de France et d’Europe en 420 au tournant du XXIe siècle. Et il a déjà trois Fastnet Races à son compteur aux côtés de Didier Gaudoux, un cador du circuit IRC.
De quoi aborder l’avenir avec sérénité. « Mon objectif pour cette première saison est de monter sur le podium des bizuths à la solitaire du Figaro. À plus long terme, je me donne 3 ou 4 ans pour acquérir des bases solides de course au large. On verra alors si je me lance dans un projet pour le Vendée Globe ».
Qui sait ? La Marine nationale a peut-être trouvé le remplaçant d’Éric Tabarly, longtemps son plus célèbre ambassadeur…
1. Première épreuve du circuit Figaro 2021.
2. Parmi les premiers partenaires, outre la Marine nationale, Philippe Hartz peut compter sur la Fondation de la Mer, TechnicAtome, Hydroption, Preligens et Acef.