Var-Matin (Grand Toulon)

Un rescapé d’Auschwitz témoigne au lycée Dumont d’Urville

Claude Bloch, âgé de 92 ans et déporté pendant dix mois au camp d’Auschwitz à l’âge de 15 ans, s’est rendu au lycée Dumont d’Urville vendredi pour raconter son histoire.

- ALEXANDRA JAEGY

Ce n’est pas la Covid-19 qui a empêché cet homme âgé de 92 ans de témoigner. Claude Bloch s’est levé aux alentours de six heures du matin vendredi dernier pour prendre le train à Lyon. Malgré son grand âge, ce rescapé d’Auschwitz est déterminé. Ce voyage, il l’a fait pour raconter son histoire à une quarantain­e d’élèves en terminale du lycée Dumont d’Urville à Toulon. Pendant près de deux heures, sans s’arrêter et sans toucher à son verre d’eau, il a raconté son histoire, sa déportatio­n, en juin 1944, – un calavaire qui a duré dix mois.

« Ça existe encore dans certains pays »

« C’est un fait exceptionn­el », estime Néo Verriest, un lycéen de 17 ans qui a, depuis deux ans, récolté près de 80 témoignage­s de rescapés ou résistants de la Seconde Guerre mondiale.

Après une rétrospect­ive historique, Claude Bloch a raconté sa jeunesse, puis son arrestatio­n avec sa mère et son grand-père, avant de témoigner de l’horreur qu’il a vécu alors qu’il était âgé de quinze ans. « Claude est un profession­nel de la mémoire », confie Néo. Depuis sa retraite en 1995, le Lyonnais fait le tour des établissem­ents scolaires de France pour encore et toujours dire ces atrocités. Et ses souvenirs sont très précis. Il décrit minutieuse­ment ses journées, ses échanges avec les SS, la séparation avec sa mère, et toutes les fois où il a vu et frôlé la mort, comme si ces événements étaient tout frais.

Pourtant, avant 1995, Claude Bloch n’avait jamais raconté à personne son passage dans les camps de la mort. « J’ai compris qu’il fallait dire ce qu’il s’était réellement passé. Et cela peut se reproduire, ça existe encore dans certains pays », justifie-t-il. « Ce sont les dernières années où l’on pourra encore le faire », rappelle Néo. Dans la salle, une professeur­e d’histoire et membre de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes a tenu à rappeler l’importance de cette interventi­on.

« Il faut dire : plus jamais ça. Il faut que les élèves s’emparent de l’Histoire. Au-delà de la religion, ils doivent comprendre que des charniers, il y en a eu partout. Il n’y a ni haine, ni oubli », a-t-elle soutenu.

Après ce temps d’échanges très fort, Claude Bloch a déjeuné au réfectoire du lycée, accompagné par le proviseur et les présidente et vice-présidente de l’associatio­n Fonds mémoire d’Auschwitz. Ensuite, il a témoigné à huis clos, cette fois-ci, devant la caméra du Mémorial de la Shoah.

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(Photo Sophie Louvet) Claude Bloch a témoigné pendant près de deux heures.

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