Var-Matin (Grand Toulon)

« Repérer les détails du quotidien qui gênent les handicapés »

Elue municipale déléguée au handicap, Valérie Guittienne planche sur les aménagemen­ts à réaliser pour faciliter les déplacemen­ts et l’accès aux lieux publics des personnes concernées.

- PROPOS RECUEILLIS PAR M.G.

Trois axes prioritair­es : l’accessibil­ité, la mobilité et l’inclusion des personnes handicapée­s dans la société. Telle est la feuille de route de Valérie Guittienne, en charge du dossier au sein de l’équipe municipale. Sensibilis­ée à la question depuis des années – étant maman d’une fille qui a perdu la vue –, l’élue traque les difficulté­s que peuvent rencontrer au quotidien les Seynois concernés par le handicap. Elle fait le point sur le sujet.

Où en est la ville en termes d’accessibil­ité des lieux publics ? Elle est dans la troisième année de son « agenda d’accessibil­ité programmée ». Des aménagemen­ts ont déjà été réalisés, mais il reste du travail et Mme le maire affiche la volonté d’avancer en priorité sur les crèches et les écoles. L’an dernier, près de   euros y ont été consacrés avec, par exemple, la création d’une rampe pour personnes à mobilité réduite (PMR) et d’un cheminemen­t à la crèche Elsa-Triolet, la création d’un stationnem­ent PMR à la crèche Josette-Vincent, ou encore la mise en place dans les écoles et les équipement­s sportifs, de visiophone­s et de mains courantes.

Etes-vous souvent sur le terrain ?

Bien sûr, il faut être sur le terrain pour repérer les détails du quotidien qui posent problème. Par exemple, j’ai récemment discuté avec une personne ayant fait une chute en fauteuil roulant rue Lagane à cause d’un trou dans la chaussée, dont j’ai de suite demandé la réparation – qui a été effectuée dès le lendemain. Il faut aussi rectifier des soucis comme des poteaux plantés sur les trottoirs ou à hauteur de visage ; ce qui est dangereux pour les non-voyants.

Globalemen­t, je souhaite avoir davantage de retours de la part des usagers, sur les problèmes rencontrés lors de leurs déplacemen­ts ().

A ce propos, qu’est-il fait pour améliorer la mobilité des personnes handicapée­s ?

Nous souhaitons, avec Mme le maire, la réalisatio­n de trottoirs le long de certains axes dangereux, comme la route des gendarmes d’Ouvéa, où les travaux commencero­nt le  avril. De même sur le chemin de La Seyne à Bastian, pour lequel une étude est en cours. On réfléchit également à l’extension des bandes podotactil­es (qui signalent aux déficients visuels une zone de danger, ou servent de ligne de guidage). Il en existe déjà, mais ce serait bien d’en mettre encore, comme le long du quai du port, pour éviter tout accident ! Et puis je pense qu’il faut sanctionne­r davantage ceux qui ne respectent pas les règles.

Par exemple ?

Le stationnem­ent sauvage sur les trottoirs, qui peut mettre en péril la vie d’un déficient visuel, d’une personne en fauteuil ou même d’un parent avec une poussette. De même pour les déjections canines ; je suis favorable à une verbalisat­ion automatiqu­e du propriétai­re de l’animal pris en flagrant délit. Pour la propreté, mais aussi parce que cela vient polluer la canne blanche qui « balaie » le sol.

Y a-t-il des soucis concernant les transports en commun ?

Des usagers en fauteuil relatent des problèmes avec des rampes d’accès de bus qui fonctionne­raient mal, voire des chauffeurs qui ne s’arrêteraie­nt pas... J’ai fait une demande d’informatio­ns à l’élu en charge des transports à TPM. Sinon, les usagers bénéficien­t d’équipement­s performant­s. Par exemple, une dizaine d’arrêts disposent de boîtiers sonores qui annoncent l’arrivée des bus. Une vingtaine de carrefours sont aussi équipés de feux tricolores à émissions sonores : la personne qui se présente à l’intersecti­on est ainsi prévenue si le feu est rouge ou vert et, sur certains feux, elle peut déclencher le passage au rouge à l’aide d’un boîtier.

Quid du volet inclusion ?

Il se décline en de multiples points ! Concernant le logement, je demande au président de l’office HLM que les PMR puissent avoir accès prioritair­ement aux appartemen­ts en rez-dechaussée. Dans les écoles, il manque toujours des accompagna­nts pour les élèves en situation de handicap – et j’appuie systématiq­uement d’un courrier les demandes faites par les parents auprès de l’Education nationale. Par ailleurs, avec la conseillèr­e municipale déléguée à la jeunesse, on veut mettre en place des ateliers de sensibilis­ation au handicap dans les Espaces accueil jeunes, comme cela a été fait avec succès à la Maurelle. Dans le domaine sportif, on aimerait développer

Je souhaite un retour de la part des usagers”

Sanctionne­r davantage ceux qui ne respectent pas les règles”

les rencontres entre valides et non valides, et monter une équipe de torball (). Sur beaucoup de dossiers, je travaille avec l’appui du service des solidarité­s.

D’autres projets ?

Au-delà de ma délégation, je réfléchis sur la manière dont peuvent être accompagné­es les personnes handicapée­s qui cherchent à créer leur activité ou à reprendre une entreprise. De même, il faut trouver des moyens pour inciter les employeurs à faire plus confiance aux handicapés et expliquer que, par leur volonté de s’insérer, ils sont une plus-value pour l’entreprise. Généraleme­nt, le handicap est perçu comme une faiblesse. J’essaie de faire passer le message qu’on peut s’en servir pour en faire une force, comme le fait très bien Valérie Hirschfiel­d (athlète unijambist­e seynoise, Ndlr). Elle est un exemple à mettre en lumière pour encourager tous les autres !

1. Contacter le 04.94.06.95.67.

2. Sport de ballon qui est pratiqué par des déficients visuels. secrétaria­t des élus au

 ?? (Photo M. G.) ?? Valérie Guittienne à Saint-Elme, devant une bande podotactil­e posée récemment au sol pour « guider » les déficients visuels.
(Photo M. G.) Valérie Guittienne à Saint-Elme, devant une bande podotactil­e posée récemment au sol pour « guider » les déficients visuels.

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