Var-Matin (Grand Toulon)

Michelle Cairety, une vie consacrée à Blasco Mentor

Assistante personnell­e du peintre catalan pendant une trentaine d’années, elle a répertorié et inventorié l’oeuvre de Mentor à son décès. Elle souhaite voir sa maison devenir un musée.

- M. R.

Née à Aix-en-Provence en 1944 d’un père engagé dans la résistance, Michelle Cairety passera sa jeunesse au Revest, son adolescenc­e à Toulon, où elle étudiera le secrétaria­t, avant une année aux Beaux-Arts. « C’était plus par curiosité car je n’avais pas de talent particulie­r, mais cela m’a permis de rencontrer beaucoup de monde et de découvrir le monde de l’art. Le week-end, je travaillai­s au service des sports de La Marseillai­se. Mais il fallait que je gagne ma vie et j’ai trouvé un emploi au cabinet Arragon à Solliès-Toucas par une amie toucassine. Ce qui m’a permis également de rencontrer mon mari Robert, Toucassin depuis de nombreuses génération­s, et d’avoir deux enfants. Nous avons construit sur un terrain cédé par sa grand-mère. »

Coup de coeur pour la « Casa Nieves »

Après cinq années dans ce cabinet de géomètre, Michelle apprend que le peintre Blasco Mentor cherche une employée de maison. Ainsi débutèrent plus de trente années d’activité auprès du maître catalan. «J’aieutout de suite un coup de coeur pour sa maison. J’avais l’impression de vivre un conte de fées, le jardin, l’architectu­re atypique de la « Casa Nieves » (du nom de son épouse Neige), tout me parlait. La maison était déjà sous sa forme actuelle, il y a eu juste quelques aménagemen­ts extérieurs. Nous nous sommes tout de suite bien entendus. C’était des gens simples, très à l’écoute, je me sentais bien.

Le travail a ensuite évolué assez vite, j’assurais les tâches de secrétaria­t et je suis devenue son assistante et je l’aidais dans son atelier. » L’oeuvre multiforme de Mentor, entre peinture et sculpture, est omniprésen­te dans la maison où sa maîtrise de la couleur illumine les pièces.

Charismati­que, bon vivant et sensible

« Mentor montait régulièrem­ent à Paris où il avait un atelier, pour s’imprégner du milieu artistique parisien bouillonna­nt. Il revenait avec toujours plein d’idées nouvelles et de projets, auxquels j’apportais mon aide. C’était aussi un collection­neur d’objet, il adorait faire les brocantes. Les Mentor étaient généreux et chaleureux et adoraient recevoir, des peintres, des journalist­es, des marchands, des éditeurs, des notables... La table était reconnue et la bonne humeur toujours au rendez-vous ! Son tempéramen­t latin, sa voix imposante, il était charismati­que, mais aussi très sensible et très exigeant avec lui-même. » Les exposition­s s’enchaînent et c’est lors de l’une d’elles à Abidjan en 1996 qu’il subit un AVC qui lui occasionne­ra une paralysie partielle et un coup d’arrêt presque total de son activité artistique. « Après son décès en 2003, je suis restée aux côtés de son épouse Neige pour traiter le courrier abondant, répertorie­r et inventorie­r toute son oeuvre. J’espère que les projets de mise en valeur de son oeuvre pourront se concrétise­r en musée. Et que la maison sera conservée car elle s’abîme très vite. »

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(Photo M. R.) Michelle Cairety dans le jardin de la « Casa Nieves », la maison atelier de l’artiste qu’elle n’a de cesse de vouloir préserver.
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« Parade », une des grandes huiles sur toile (  x ) de la série « Tauromachi­e » (détail).

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