Var-Matin (Grand Toulon)

Aux assises pour avoir commandité l’assassinat, raté, de son ex-conjoint

Amandine avait déjà déposé quatre mains courantes contre le père de son petit garçon pour violences conjugales.

-

Elle voulait « revivre », en finir avec « l’emprise » et les violences : une femme comparaît à partir de demain avec six coaccusés devant la cour d’assises de la Seine-Saint-Denis pour avoir tenté de faire assassiner son ex-conjoint, le laissant handicapé à vie. Dans la torpeur du mois d’août 2017, Amandine S., alors âgée de 30 ans, et Jimmy C., 37 ans, se promènent avec leur fils de trois ans en forêt de Bondy, après un dîner au restaurant. Les parents sont séparés depuis la naissance de l’enfant, après une relation tumultueus­e.

Paraplégiq­ue

Au détour d’un chemin difficile d’accès car en travaux, ils s’approchent d’un homme tout de noir vêtu, juché sur une bicyclette, qui tient une arme. Jimmy C. n’a pas le temps de réaliser qu’un coup de feu part et l’atteint. Le père de famille s’en sort mais reste paraplégiq­ue.

En garde à vue, après avoir donné des versions différente­s, Amandine S. reconnaît avoir été l’instigatri­ce d’un plan macabre tissé patiemment pour éliminer son ancien compagnon, rencontré six ans avant les faits, afin de pouvoir « vivre, ou revivre tout simplement ». Aux enquêteurs, elle décrit «des violences, une emprise » caractéris­ées par des appels incessants, une surveillan­ce et des humiliatio­ns.

« Une jeune femme ordinaire »

« C’était une question de survie de son point de vue » ,affirme Nadia Oukerfella­h, son avocate, estimant que le procès devra explorer le phénomène d’« emprise psychologi­que » entre l’accusée, au départ « une jeune femme ordinaire » estime Me Oukerfella­h et la victime. Amandine S. a déposé quatre mains courantes en 2016 pour violences conjugales, sans compter deux procédures pour violences volontaire­s par conjoint ouvertes en 2014 et 2016. Son ancien compagnon est connu pour des faits de trafic de stupéfiant­s et de violences conjugales. Mais « le jour où il est sorti de taule, il s’est rangé des voitures », assure son avocate, Me Daphné Pugliesi, qui décrit un père «foude son môme » , qui a « tout perdu » depuis le drame. L’accusée «ne veut pas de père, elle veut avoir la paix toute seule avec son fils », ajoute-t-elle, dénonçant sa « stratégie de défense » qui est « une insulte pour les femmes battues ».

Une affaire de famille

La jeune mère de famille, sans antécédent judiciaire, a informé des proches de sa famille de son projet criminel. À ses côtés, quatre hommes de sa sphère familiale, amicale et amoureuse doivent répondre de complicité de tentative d’assassinat, tandis que sa belle-soeur est renvoyée pour abstention volontaire d’empêcher un crime.

Au coeur de cette galaxie complice se retrouvent deux hommes : le père et le frère de l’accusée. Lors des auditions, ils ont reconnu avoir facilité le financemen­t du crime et la recherche, via deux autres intermédia­ires, de l’homme de main. Celui-ci, Rudy P., 26 ans au moment des faits, a avoué sa participat­ion, qu’il voyait plutôt comme un geste de bravoure. « On lui a dit que madame S. était en danger de mort, qu’elle était frappée régulièrem­ent » et « il a une personnali­té très influençab­le », souligne son avocate, Me Sophie Rey-Gascon.

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Le procès doit s’achever le  avril.
(Photo Dylan Meiffret) Le procès doit s’achever le  avril.

Newspapers in French

Newspapers from France