Var-Matin (Grand Toulon)

LES BLEUS SÉRIEUX

Aujourd’hui sélectionn­eur de l’Algérie, Djamel Belmadi a connu une belle carrière de joueur, avec un passage express à Cannes. L’ex-meneur de jeu y a marqué les esprits en une saison

- VIVIEN SEILLER

FOOTBALL. Les hommes de Didier Deschamps ont obtenu leur première victoire (-) dans la campagne de qualificat­ion à la Coupe du monde  hier après-midi au Kazakhstan. Sans briller, les tricolores ont réagi après leur match nul à domicile contre l’Ukraine.

Djamel Belmadi n’a pas connu la période la plus brillante de l’AS Cannes. Lorsqu’il débarque à l’été 1998, le club cannois retrouve la 2e division sous la direction de Roland Gransart, quelques années après les saisons fastes de la bande à Zinedine Zidane.

A cette époque-là, Belmadi débarque dans la peau d’un tout jeune joueur profession­nel. Dans la cité des festivals, le natif de Champigny-sur-Marne (Ile-deFrance) vient chercher du temps de jeu et accumuler un peu d’expérience.

« Quand on arrive, le club vient de descendre et veut remonter », se souvient JeanLuc Vannucchi, ancien coéquipier de Belmadi recruté la même saison par l’ASC. L’objectif est donc clair et l’effectif de qualité, avec des joueurs comme Marc Libbra dans ses rangs.

Courbis : « Un passionné avec déjà une vision du foot »

Prêté par l’Olympique de Marseille, Belmadi (22 ans) fait déjà preuve d’un vrai caractère et d’une vision du football réfléchie.

« A l’époque, un règlement stupide limitait le nombre de joueurs sous contrat donc il fallait en prêter, se rappelle Rolland Courbis, son entraîneur sur la Canebière. Mais Djamel avait un comporteme­nt exemplaire, il était profession­nel jusqu’au bout des ongles. C’était quelqu’un de passionné, avec une vision du foot qui n’était pas seulement individuel­le. Il se posait déjà des questions, peutêtre sans le savoir, d’un futur entraîneur. Il était sérieux avec une personnali­té calme, claire et réfléchie. Des joueurs comme ça, il n’y en a pas cinquante dans un effectif ! »

Dès son arrivée, Belmadi épate ses coéquipier­s de l’époque et s’impose rapidement malgré son jeune âge.

« On ne sentait pas qu’il était au début de sa carrière, que c’était un jeune, lance Mickaël Marsiglia, copain des années cannoises et marseillai­ses. Il était déjà mature. Jeune ou pas jeune, pour lui ce n’était pas un souci. Il y allait au culot. »

Très peu utilisé par l’OM la saison précédente, l’actuel sélectionn­eur de l’Algérie ne calcule pas. Il fait ses preuves et ne laisse rien au hasard lors de chaque séance. Doué et travailleu­r, Belmadi sait (déjà) où il veut aller.

« Je ne le connaissai­s pas quand il est arrivé, reconnaît Jean-Luc Vannucchi après coup. Il était un peu renfermé, un peu timide. Pas très expressif. Mais une fois sur le terrain il laissait libre cours à son imaginatio­n, il était très à l’aise techniquem­ent. Il prenait les choses en main, il était déroutant. Dès qu’il avait un ballon dans les pieds il se lâchait complèteme­nt. En revanche, ce n’était pas quelqu’un qui fédérait dans le vestiaire. Il venait exercer son boulot et sa passion avec talent et faisait sa vieàcôté.»

La remontée manquée

Les vestiaires de cette époque-là, Mickaël Marsiglia en parle avec une pointe de nostalgie...

Une petite pièce calée sous la tribune Ouest, au bout d’un couloir aujourd’hui vide et désuet du stade Pierre-de-Coubertin.

« Ils ne sont plus utilisés depuis une vingtaine d’années, regrette Marsiglia en se replongean­t dans ses souvenirs d’époque, avant de montrer les anciennes places du doigt. J’étais assis au fond et Djamel aussi, on était en face l’un de l’autre. C’était un peu l’ambassadeu­r des jeunes. »

A Cannes, l’ancien meneur de jeu ne restera qu’une saison et ne connaîtra pas les joies de la (re) montée en première division (1). Belmadi jouera une vingtaine de matchs et inscrira six buts avec le maillot rouge et blanc, avant de prendre la direction du Celta Vigo pour un nouveau prêt.

Avec le recul, Jean-Luc Vannucchi se dit qu’il y avait sûrement quelque chose à faire sur le plan collectif. Djamel Belmadi a quant à lui tracé sa route, passant par l’Angleterre (Manchester City, Southampto­n) et le Qatar (Al-Gharafa), avant de

revenir en France (Valencienn­es).

La suite, l’ancien internatio­nal algérien l’écrira sur un banc. Celui des Fennecs, vainqueurs de la dernière Coupe d’Afrique des Nations sur le sol Égyptien (2019). Un trophée soulevé avec talent et caractère. Un trophée à la sauce Belmadi. 1. L’AS Cannes termine 12e de D2 cette saison-là.

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Sous le maillot de l’OM en . En , élu meilleur entraîneur d’Afrique après sa victoire dans la CAN.

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