Tolofua analyse la situation
Les Petits frères des pauvres révèlent aujourd’hui les résultats d’une étude concernant l’impact de la crise sur les personnes âgées. On y apprend que celle-ci aura des conséquences sur le long terme.
Après un rapport publié par ses soins en juin dernier sur l’impact du premier confinement et l’isolement des personnes âgées, l’association des Petits frères des pauvres rend public aujourd’hui un nouveau document qui analyse les conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de vie des aînés. Réalisée en collaboration avec le Cercle Vulnérabilités et Société, cette étude menée auprès d’une centaine de personnes âgées, de professionnels, d’aidants et de bénévoles, permet de dégager un certain nombre d’enseignements mais offre aussi à l’association l’opportunité d’émettre quelques préconisations.
Des répercussions sur le long terme
On apprend ainsi que la crise n’est pas qu’une parenthèse dans la vie du public concerné, mais qu’elle aura « des répercussions notables » jusque sur le long terme. Elle a entraîné de nouvelles formes de relations, du fait notamment d’un rapport plus hygiéniste et anxiogène à l’espace ; renforcé aussi le sentiment de dépendance à un tiers. Autre enseignement intéressant : les commentaires politiques et médiatiques qui ont accompagné la crise, ont renforcé l’association devenue quasi-automatique entre « personnes âgées », « perte d’autonomie » et « Ehpad », ce qui donne une vision très négative de la vieillesse. Parmi les choses que l’on savait déjà mais que l’analyse vient conforter, figure le fait que la santé psychique a été laissée de côté dans le parcours de soins.
Par ailleurs, en fonction des conditions de vie ou du maintien du lien social, la crise a favorisé l’émergence d’une fracture intragénérationnelle et créé un risque de fracture intergénérationnelle, sauf au sein de la cellule familiale. Elle a également généré chez certaines personnes âgées, des microtraumatismes devenus structurants dans leurs rapports à la société. Pour conclure sur les enseignements de ces mois douloureux que l’on vient de vivre, le rapport retient que la socialisation reste essentielle dans le quotidien des personnes âgées et que le lien à distance ne saurait en aucun cas se substituer au lien social.
Un meilleur maintien à domicile
Face à ce constat, face à chacune des problématiques mises en exergue par les conclusions de l’étude, les Petits frères des pauvres avancent donc quelques idées : l’occasion est bonne pour l’association d’alerter sur la nécessité de changer les regards sur la vieillesse. Ses préconisations ? Il faut, dit-elle, agir contre les risques de fracture entre générations ; mettre en oeuvre une politique nationale de prévention et de compensation de la perte d’autonomie ; de même, instaurer une politique durable de soutien au maintien à domicile ; améliorer l’offre d’habitat pour les personnes âgées ; soutenir et valoriser l’engagement citoyen ; favoriser une meilleure communication des actions publiques concernant les aînés ; intégrer les solutions « à distance » comme un instrument et non comme une fin dans une logique de réponse au maintien du lien social ; intégrer la santé psychique et mentale dans les consultations des médecins ; construire une vraie politique de réponse à une crise sanitaire – un exemple ? Territorialiser les approches pour respecter les spécificités du terrain ; enfin, considérer le maintien et la construction du lien social comme une mission essentielle des acteurs publics sur les territoires.
Les Petits frères des pauvres produiront un nouveau rapport en septembre. Il s’agira cette fois-ci d’analyser si la crise a engendré une augmentation des situations de « mort sociale ».